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[Tynette]

Ce que vivent les femmes, réalité vs fiction

Episode 3 : La lectrice est critique


Elle était assise dans un coin du chalet. Ses longs cheveux bruns tombaient sur le journal quotidien qui racolait à gros titres gras les potentiels lecteurs assis, discutant entre eux, aux tables et au comptoir. L’odeur de soupe et de macaronis, fondue et autres raclettes titillait les narines de chaque personne passant le pas de la porte.

Hercule Poireau sut au premier regard que la brune était son rendez-vous. Il n’arrivait pas à lui fixer un âge. Elle en paraissait trente quand elle fronçait les sourcils et, en un éclair, ses yeux riaient, pleins de malice, et elle devenait juvénile. Délicieuse femme-enfant aux lèvres gourmandes. Sybille Fontaine lui donnait envie de mordre dedans à pleines dents comme dans une pomme croquante et juteuse.

Les présentations furent rapidement faites, devant une limonade citron pour elle et une bière pression pour lui. L’entretien débuta.

- Trouvez-vous les situations proposées sur le site Rêvebébé réalistes ?

- Non, la plupart des textes ne sont pas crédibles. Certains passages sont certes agréables à lire et il est amusant de s’imaginer dans certaines situations proposées, mais d’autres… lâcha-t-elle en souriant.

- Quels autres ? répondit-il, intrigué.

- C’est simple ! Imaginez les hommes qui ont un détecteur à rayons supersoniques qui peut vous dire vos mensurations… Il y a de quoi halluciner tout de même.

- Vous exagérez…

- Non, non, du tout ! Allez un peu relire certains textes. Les nanas ont des seins immenses, les hommes une queue qui dépasse la moyenne française haut la main, et ceux-ci réalisent à chaque fois les performances de notre cher Rocco. Non ! Sérieusement ! Si je vais lire, c’est soit pour me donner des petites idées, soit pour rire un bon coup, car on est souvent très loin d’un minimum de tendresse, ou alors celle-ci est décrite de façon si maladroite que le texte n’en est même plus agréable à lire.

- Ah bon ? Comment cela ?

- C’est simple et pas compliqué. Amusez-vous à lire en gros les textes : les nanas jouissent au moins cinq fois en deux heures en hurlant comme si elles atteignaient la petite mort à chaque fois.

- Tenez, cela me fait penser à une blague stupide : le père d’une blonde bien roulée…

- Ben oui ! une blonde est toujours bien roulée non ? lâcha Sybille en souriant.

Hercule résiste pour ne pas se laisser décontenancer.

- Mouis… Bon, Le père d’une blonde rencontre son nouveau petit ami, un grand noir costaud. Le père est vert mais ne laisse rien paraître. « Bon, je te laisse la main de ma fille, si tu peux me donner le plus gros saphir du monde. » Quand Babou aime… et Babou le lui amène en souriant. Le père est furieux : Babou réussit haut la main tous les tests sous le regard gêné de sa chérie. « Je te laisse épouser ma fille, si ta queue fait 25 cm. » Babou est hilare, il dit dans un grand éclat de rire : Quand Babou aime, Babou coupe…
Débile non ?

- Noir = grand = très bien monté et blonde = bien foutue et quasi idiote : Vive les idées préconçues. La plupart des mâles qui écrivent décrivent la caricature humanisée du satyre qui saute tout ce qui bouge parmi le sexe dit faible. Un grand « mytho » celui-là aussi, lâcha-t-elle en riant d’un rire frais et communicatif.

- Oui mais je... heu... dit-il, mal à l’aise, les yeux plongés dans la contemplation du jeu de lumière entre les rayons de soleil et le liquide ambré de son verre.

- Non mais sérieusement, ce n’est pas bien compliqué, une femme qui jouit autant de fois ne peux que simuler. Qu’elle ressente plusieurs fois des moments agréables ne veut pas dire que les mecs soient des bons coups. Combien pensez-vous qu’il y ait de femmes qui ne découvrent la jouissance qu’une fois libérées des effets de la pilule et autres moyens de contraception hormonale ? Eh oui, quand elles arrivent à la quarantaine et que la chirurgie a supprimé toute possibilité d’être mère, leurs hormones peuvent se libérer et elles découvrent enfin une sexualité épanouie. Mais là, c’est je dirais presque pathétique. Lire qu’elles jutent des litres… À la limite, heureusement qu’elles ont des jambes, sinon cela ferait limace, mais en plus le nombre de fois où le mec peut éjaculer... Non, franchement, l’imagination et le fantasme des gens montrent à quel point ils manquent d’expérience. Comme je le disais, avoir des petites jouissances, ok, je suis d’accord, mais de là à hurler comme une damnée…

- C’est un coup bas pour nous les hommes tout de même. Vous dites en gros que nous sommes des incapables, répliqua-t-il à la fin de cette tirade.

- Mais non ! Mais non ! Il y a de purs moments de plaisir, ce qui, soit dit en passant, est tout aussi important que de jouir. Prenez un jeune homme qui n’a pas ou peu d’expérience avec les femmes. C’est un vrai bonheur de lui apprendre les gestes et de voir s’éveiller une flamme dans ses yeux, l’étonnement, l'innocence.

- En gros, vous aimez dépuceler les petits jeunes. Cela laisse songeur !

- Oui, mais j’aime aussi être le jouet des hommes, les voir s’assurer, devenir plus mâles. Sentir la pression de leurs mains sur ma peau pour m’indiquer leur désir… J’aime les mains calleuses sur ma peau mais aussi les mains douces… comme les vôtres… dit-elle en plongeant son regard dans le sien.

Le jeu de séduction était entamé entre Hercule et Sybille. La soirée était encore jeune.

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