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Antilogies et autres jeux (ré)créatifs – les textes – 1 Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9  Suivante
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café-clope




Inscrit le: 24 Fév 2011
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Localisation: Neuf-Cinq

MessagePosté le: 28 Juin 2011, 09:57    Sujet du message: Antilogies et autres jeux (ré)créatifs – les textes – 1 Répondre en citant

Olaf a écrit:
Indécente Pudeur




Allez, je poste ici. Pas particulièrement fier ni inspiré, mais fallait que je relève le gant.
Appelons-le Incertitudes et voisinage...
5192 caractères selon Office.

Max ne connaissait pas son nom. Il l'avait remarquée lorsqu'elle avait emménagé avec son mari – ou bien n'était-ce que son compagnon? À peu près trente-cinq printemps, soigneusement épargnés par la pratique de l'exercice physique dont ils étaient, l'un et l'autre, très friands, un visage en forme de cœur encadrés par une coupe au carré assez sage, elle était plutôt mignonne. Seul un petit ventre trahissait son âge et une maternité.
Souvent, le samedi ou le dimanche matin, assis à sa terrasse en rez-de-jardin, il les voyait faire dans le parc de la résidence des mouvements et des étirements, avant ou après leur footing. Bonjour-bonsoir, l'affaire était vite réglée d'une politesse vicinale.
Tout commença avec une dispute. Ils revenaient de leur jogging et Max fumait une cigarette, sa tasse de café à la main. Il la trouva encore plus jolie, les joues plus empourprées de colère que de l'effort passé. Ils firent leurs exercices dans un silence tendu, sans se jeter un regard, mais elle prit toutefois le temps d'adresser à Max un « bonjour » souriant accompagné d'un signe de main, auquel il répondit, charmé de cette attention.
Les disputes se répétèrent, et le manège de la voisine aussi. Elle ne faisait plus ses exercices avec son conjoint, mais seulement à côté de lui.
Les beaux jours arrivant, ses shorts se faisaient plus courts, ses t-shirts plus échancrés, dévoilant des épaules et une gorge constellées, comme son visage, de taches de rousseur. Ses gestes semblaient se faire plus amples, plus lents, aussi, laissant à Max tout loisir d'admirer sa musculature fine jouer sous sa peau de lait.
Parfois, elle échangeait avec Max deux ou trois courtoisies météorologiques, le passage prochain des encombrants. C'était un contact agréable et souriant, mais superficiel. Néanmoins, il crut remarquer qu'elle s'ingéniait à faire ses étirements à l'écart de tout bosquet qui pût empêcher Max de l'admirer.
Délire érotomane? Il lui semblait aussi qu'elle multipliait les regards dans sa direction, des regards en coin. Il ne manquait aucun de ces rendez-vous tacites, et la détaillait à chaque fois avec délice dès qu'elle prenait appui sur le muret. Il adorait voir se creuser ses reins, ses fesses se tendre, comme une invitation. Son short serré et toujours plus court ne dissimulait pas grand chose de son postérieur à l'arrondi parfait. Parfois, postée face à lui, elle faisant en se penchant béer son débardeur sur sa poitrine. Une poitrine menue, une poitrine de jeune fille, maintenue dans une brassière de sport.
Il évitait de la dévisager trop ostensiblement, et affichait un détachement presque ostentatoire. C'était too much, et il en avait bien conscience. Elle ne pouvait avoir manqué son manège, et pourtant, elle persévérait. Alors lui ne se privait pas. Les jours devinrent plus torrides, et elle commença à se produire simplement vêtue de sa brassière et d'un short si minuscule qu'on aurait juré que c'était une simple culotte, dans un blanc immaculé. Comme à l'accoutumée, elle et son conjoint, terne dans sa tenue grisâtre, s'ignoraient.
Un samedi, la donne changea: une dispute homérique venait d'éclater au cours de leur footing. Ils ne parvinrent qu'à faire quelques mouvements symboliques, échangeant quelques méchancetés plus ou moins à mi-voix, avant que l'anonyme voisine ne sorte de ses gonds: « C'est ça, va te détendre sous la douche, tu seras peut-être un peu moins chiant! » Elle salua Max d'un « Hello » pour le moins complice et entama ses étirements.
Ceux-ci prirent vite les allures d'une chorégraphie langoureuse, mettant en valeur tour à tour sa poitrine, ses mollets, ses cuisses, ses fesses. Par moment, le visage empourpré, essoufflée par l'effort, elle semblait honorer un amant imaginaire, ondulant du bassin contre une bouche imaginaire – celle de Max? Ses gestes étaient d'une infinie lenteur, et il n'en perdait pas une miette, rêvassant à ce corps gracile tout à la fois soigneusement dissimulé et totalement offert à sa vue. Pour profiter encore le spectacle, il se retourna pour se resservir un café, et une voix féminine derrière lui le fit sursauter:
« Excusez-moi... »
C'était la voisine, qui se tenait à la rambarde de la terrasse, couverte de sueur. Quelques cheveux collaient sur ses joues dont le rose trahissait un malaise certain, mais elle avait ce même sourire adorable qu'il lui connaissait et qui plissaient un peu ses yeux en amande.
« Excusez-moi pour tout ce déballage. C'est pas glamour, mais il fallait que ça éclate. »
« Ce n'est rien, vous savez... »
Silence. Elle se mordillait la lèvre.
« Vous allez penser que j'abuse, mais...pourrais-je vous demander un peu d'eau? Je crois que je vais attendre encore un peu avant de monter, mais j'ai trop soif. »
Elle avait baissé les bretelles de sa brassière pour dénuder ses épaules, et Max ne put détacher son regard des constellations rousse parsemant cette peau si blanche. Un véritable appel aux caresses, aux baisers. Sa poitrine était traversée de secousses sismiques. Derrière un naturel de façade, il lui tendit un verre d'eau fraîche avec des gestes mécaniques.
Le temps qu'il lui fallut pour décoller ses lèvres lui parut interminable.

« Vous voulez rentrer cinq minutes? »
_________________
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Olaf




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MessagePosté le: 28 Juin 2011, 22:35    Sujet du message: Répondre en citant

Indécente pudeur
Je la regarde récupérer ses habits éparpillés sur la moquette et les enfiler à la va-vite, avant de retourner à la soirée de la boite, à l’étage en dessous.
Certains corps sont plus à leur avantage allongés dans un lit, d’autres plus séduisants dans le mouvement, d’autres encore attirent le regard par l’immobilité d’une pose suggestive. Tout cela est vrai pour Nadine. Tout cela et bien plus encore

En temps normal, Nadine est plutôt du genre transparent. Pour le commun des mortels, elle est simplement la fille sympa, la collègue qui fait rigoler tout le monde. Nadine, en vérité, c’est la jolie femme que personne ne voit belle.

Depuis quelques semaines, un je-ne-sais-quoi me fascine en elle. Un petit truc qui lui fait prendre une place inattendue dans mes pensées. D’ailleurs, son arrivée à cette soirée provoque en moi un indéniable pincement au cœur.
Après les salam aleykoum d’usage, elle vient se joindre au groupe de collègues avec qui je discute. Je lui avoue mon plaisir de la retrouver. Elle a un joli sourire, rien que pour moi, avant de prendre part à la conversation. Comme si de rien n’était. Sauf que quelque chose en elle semble différent. Un regard plus vif, peut-être ? Ou comme une envie de séduction, enfouie au-dedans. Pourtant, avec un peu d’habileté, j’ai tout loisir d’admirer ce qu’elle cache dans l’échancrure de sa blouse. Elle a visiblement misé sur des dessous troublants. Une intention particulière ? Lequel d’entre nous sera l’heureux élu ?

Je réalise soudain que son verre est vide.
- Ah, mais tu n’as rien à boire ! Tu veux que j’aille te chercher quelque chose ?
- Pourquoi pas.
- Un désir particulier ?
- Ne te casse pas la tête, prends ce que tu trouves : sangria, champagne, n’importe quoi ! Ce n’est pas l’envie de boire qui m’a attirée ce soir.
- A défaut, ce serait l’envie de quoi ?

Nouveau sourire, à mi-chemin entre résignation et détermination. Limite provocateur. Venant d’elle, où cela peut-il bien mener ? Je prends le risque d’entrer dans son jeu.
- Ah, mais tu n’as rien à baiser ! Tu veux que j’aille te chercher quelqu’un ? osé-je avec l’élégance du pachyderme en rut.
- Pourquoi pas !
- Un désir particulier ?
- Ne te casse pas la tête, prends ce que tu trouves : une fille, un gars, n’importe quoi !

Je suis bluffé. Surtout s’il s’agit bien de sa plus intime vérité. Je fais semblant de m’éloigner d’un pas décidé. Elle me retient, m’empêchant d’aller lui chercher un improbable plaisir d’un soir.
- Attends, ne te donne pas cette peine. Vu la taille de mon envie, tu feras parfaitement l’affaire, avoue-t-elle en se glissant contre moi.
- Merci pour le compliment.
- Tu comprends mieux, si je te dis que cette envie-là ne date pas de ce soir.

Elle pose un léger baiser sur mon biceps. Puis se dégage d’un joli mouvement des reins. Un mouvement qui met son corps en valeur, révèle sa féminité, attire le regard et le désir sur ses rondeurs.
Satisfaite de mon trouble, elle revient entre mes bras, pose sa tête contre mon torse et embrasse ce qu’elle trouve de peau nue, avant de murmurer qu’elle aimerait éviter la tendresse. Certes, un nouveau rôle la tente, mais juste pour le plaisir du corps.

Elle n’attend pas vraiment ma réponse avant de me prendre par la main, pour m’emmener dans le bureau du boss. Je n’ose pas imaginer ce qui pourrait se passer, si… Ma passivité ne l’empêche pas de pousser la porte, et d’avancer dans la pièce en me tournant le dos. Arrivée face au bureau directorial, elle jette au sol tout ce qui se trouve à portée de son revers de main. Puis elle commence à se déshabiller, en veillant à ne me laisser percevoir que sa silhouette, en contre-jour.
- Ne le prends pas mal, mais je suis très pudique, en fait. Malgré mon envie de toi, me montrer nue est au dessus de mes forces.
- Tu veux que je baisse la lumière ?
- Cela n’y changera pas grand-chose. C’est surtout que je n’aime pas mes seins. Donc, tu n’en verras rien de plus que ce que je t’ai laissé mater en début de soirée. Tu crois que tu pourras t’en passer ? demande-t-elle ingénument en laissant tomber le fin rempart de dentelle qui les soutenait.

Je renonce à répondre.
- L’autre chose, c’est que je n’aime pas mes fesses non plus. Tu n’en n’auras donc que le minimum syndical. Ça te pose un problème ? murmure-t-elle en enlevant sa jupe.
- Si c’est ça le minimum syndical, j’adhère immédiatement au parti. Je signe où ? dis-je d’un ton aussi détaché que possible malgré l’excitation que ce trop pudique strip-tease fait monter en moi.

Elle se retourne enfin, les mains sur les seins, pour mieux cacher ses trésors de féminité. Cette retenue lui donne paradoxalement un charme fou. Je me retiens de me jeter sur elle.
- L’emballage est superbe. Mais que me reste-t-il comme cadeau, dans cette aventure ?
- Ben, mon ventre par exemple. Il est pas mal, mon ventre, non ? Pas assez bandant ? D’ailleurs, ce n’est pas une aventure. Juste un plan cul.

Elle s’allonge alors sur le bureau, lascivement, les seins toujours cachés sous ses mains. Est-elle sincère lorsqu’elle prétend être si pudique ?
Le regard qu’elle me jette en guise d’invitation à m’approcher me rassure. Feinte ou non, son apparente pudeur n’inhibe en rien mon désir d’elle. Je commence par parcourir son corps du regard, puis du bout des doigts. Elle se laisse découvrir, s’offre à moi, à sa manière.
Je m’enhardis, m’empare d’elle, longuement, à pleines mains. La danse langoureuse qui nous unit me fait oublier le risque que nous prenons à nous ébattre dans ce bureau.
Les parfums de son corps sont si variés. De plus en plus têtus, ils révèlent son désir. Imperceptiblement elle écarte ses cuisses. Elle me laisse lui retirer son shorty. Pour finir par exiger mes lèvres et ma langue, juste là…
Peut-être devrais-je marchander, exiger qu’elle écarte ses bras en échange d’une première fulgurance ?
Elle ne m’en laisse pas le temps. Son corps répond déjà aux premiers frôlements. Son envie de volupté prend le pas sur ses inhibitions. Elle m’offre peu à peu tout ce que son indécente pudeur lui permet de m’accorder.
Je me laisse guider par les émotions que son abandon fait monter en moi. Nadine flotte quelques instants entre deux désirs, deux voluptés, puis se laisse submerger par la jouissance. Le cri de plaisir qui s’échappe de sa gorge me semble alors infiniment plus indécent que n’importe quelle forme de nudité. Pas envie d’arrêter ce jeu.
- Si je ferme les yeux, m’accordes-tu de te contempler quelques instants encore ?
- Du bout des doigts, alors, juste du bout des doigts.

Confiante, elle écarte alors les bras. Je caresse longuement ses seins, son ventre, tout son corps enfin libre que je ne verrai pourtant pas. Pas ce soir.
Pourquoi moi ? Elle se limite à décrire un soudain désir. Pourquoi dans ce bureau ? Pour exorciser des semaines de harcèlement, se venger de l’homme indigne qui la fait souffrir en cet endroit, choisir à nouveau à qui s’offrir.

Lorsqu’elle a fait le plein de douceurs, apaisée, elle se lève et ouvre mes yeux du bout des lèvres. Je la vois récupérer ses habits éparpillés sur la moquette et les enfiler à la va-vite, avant de retourner à la soirée de la boite, à l’étage en dessous.
A sa manière de se baisser devant moi, nue, je comprends que quelque chose à changé en elle. Et ce n’est qu’un début.


Dernière édition par Olaf le 29 Juin 2011, 04:55; édité 1 fois
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MessagePosté le: 29 Juin 2011, 00:59    Sujet du message: Répondre en citant

Je vois que le troupeau de gnous affolés vient de franchir la ligne de départ en avance ! Surprised
Mais comme tout ceci n'est que pré-texte Smile je lâche lâchement le mien, de texte (je ne voudrais pas que mes petits camarades se sentent trop seuls à l'arrivée !)


REM : Attention ! Ce qui suit est assez "expérimental", et pourrait donc choquer les âmes sensible. A lire avec toutes les précautions d'usage...


--- Pudeur débridée : Vierge Folle ---

Ce matin-là, tu te réveilles avec une idée fixe : on est jeudi, et tu as rendez-vous à 8h. Alors, plutôt que de laisser vagabonder tes doigts à la lisière de ce sexe humide qui n’attend que tes coupables caresses, tu te lèves d’un bond. Tu zappes même la douche, car tu sais que tu ne pourras t’empêcher de diriger le jet tiède et compact vers ton con. Dédaignant le peignoir complaisant, lâche complice de tes vilains jeux de mains, tu enfiles une culotte sur laquelle tu boutonnes fébrilement une paire de jeans. Puis, après avoir emprisonné tes seins dans une dentelle armée d’acier, tu revêts ce vieux pull morne qui dilue si bien tes formes.

Depuis ton réveil, tes mamelons pointent à t’en faire mal. Tu t’abstiens pourtant de les masser. Dieu sait ce qui pourrait arriver… « Dieu » n’a rien à voir là-dedans, bien entendu. C’est l’oeuvre du démon, un diable rouge et fourchu à la queue menaçante… Cette même queue que tu ferais volontiers coulisser dans ta bouche, si on t’y forçait. Tu protesterais, évidemment, avant de l’engloutir. Et tandis que tu suffoquerais sous les assauts de cette pine infernale, la chaleur dans ton ventre se ferait véhémente...

Ouvrant les yeux, tu te rends soudain compte qu’une dextre nerveuse s’est glissée entre tes cuisses et astique machinalement ton bouton. Ça ne va pas recommencer ! Stop ! Tes doigts abandonnent à regret l’élasticité chaude de ta vulve. Repoussant de justesse la sournoise envie de les lécher, tu te savonnes sous le robinet. C’est plutôt ta chatte, que tu devrais passer à l’eau froide.

Café un peu de sucre lait croissant n’oublie pas la confiture. Obnubilée par l’interdiction de te toucher, tu n’arrives plus à te concentrer sur le petit déj’. Fait chier, bordel ! Tu expédies le tout très vite, puis tu vas te brosser les dents. Tu regardes ta montre. Le rituel matinal, bousculé, compressé, t’as pris moins d’une demi-heure.

Que faire du temps qu’il reste avant ton rendez-vous ? Aller aux toilettes, bien sûr. C’est chaque fois pareil : à peine le bol terminé, il faut que tu pisses, comme si le breuvage ambré allait faire déborder ta vessie toujours trop petite. Entracte doré, les gouttes pleuvent. Au moment de s’essuyer, la peluche cotonneuse du papier hygiénique te met au supplice. Combien de temps encore, avant que ce besoin compulsif n’épuise ta volonté ? Plus beaucoup…

Vaincue, tu sors alors de son étui transparent l’espèce d’horreur qu’il t’a fait acheter, ce truc que tu t’étais promis de ne jamais porter. Tu ôtes pourtant ton jean, et, tant bien que mal, tu mets en place la ceinture de chasteté. Une fois serrée, cadenassée, plus rien ne passe, même pas un doigt. Touche finale : des collants sombres qui t’emprisonnent jusqu’à la taille. C’est une vraie torture : la coque en plastique gêne chaque mouvement, le Lycra te donne des bouffées de chaleur. Mais le pire, c’est ce bouillonnement dans ton vagin. Tout à l’heure, il te fera te déshabiller et t’inspectera sous toutes les coutures. Une fois accroupie sur son bureau austère, que crois-tu qu’il va se passer ? Les litres de lave enfouis entre tes cuisses vont transformer ta fente en fontaine. Et là, tu auras l’air de quoi ?

Dernier regard dans la glace, dernier coup de peigne, pas de maquillage. Tu boutonnes ton long manteau beige jusqu’au cou. On dirait une bigote, pâle et défaite, qui part à confesse avouer ses mauvaises pensées à un jésus de plâtre. La clef tourne dans la serrure, une volée de marche et c’est le dehors. Le froid cinglant de l’hiver tente de te remettre les idées en place. Ça ne va pas durer.

Trois cents mètres à gauche, on arrive déjà au boulevard. Tu t’enfournes dans le métro comme une valda dans une gueule puante. Quai bondé ; tu poireautes, mais rien ne se passe. Personne ne sait s’il s’agit d’une grève, d’un colis suspect, d’un incident. Tu imagines une voix amorphe, annonçant dans les hauts parleurs qu’une inconnue s’est jetée sous la rame. Ce n’est pas toi qui aurais ce courage-là… Trop faible. Après tout, tu n’es qu’une larve lubrique et putanesque, comme te l’a dit ton père lorsqu’à onze ans il t’a surprise la main dans la culotte.

Une heure plus tard, tu ressorts enfin à « La Fourche ». Un nom approprié. Coincée entre trois types au regard bovin, tu as failli te sentir mal. La peur au ventre, ou bien le ventre vide... Un instant, l’air goguenard, l’un de ces mecs t’a regardée. A-t-il senti l’odeur de fille facile, sous tes airs frigides ? Difficile à dire. Il n’a pas essayé de te tripoter, en tout cas. Dommage, tu l’aurais bien laissé faire. Le plaisir de voir sa surprise.

L’immeuble est gris, impersonnel. L’ascenseur te brinquebale jusqu’au sixième. Au bout du couloir se dresse une porte noire, sinistre. Une plaque en laiton indique : « Père Adrien : purification par la prière ». Tu aurais pu choisir un psy, tu as préféré un prêtre. Aucune envie de parler de ton passé, de laisser quiconque fouiller dans ta tête.

Tu tournes la poignée sans frapper. Tu es pile à l’heure. D’ailleurs il t’attend, sans impatience, debout au centre de la pièce, une badine à la main. Longue tunique noire, col romain, trogne burinée et sévère d’ancien para. Le seul être qui puisse te sauver.

Tu t’avances en frissonnant. La lourde porte blindée se referme sur-toi. Personne ne t’entendra crier...
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iam.knowbodies




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Localisation: En pleine brousse… Aïe !

MessagePosté le: 30 Juin 2011, 05:31    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, ben je vois qu’on est plus proche des 6000 signes que des 1500 – et ce ne sont pas les 4173 miens (source : gedit) qui vont faire évoluer la situation Wink

Pour ma part, j’ai en quelque sorte pris le sujet à contre-pieds (ce qui fait qu’indécente pudeur ne convient pas Wink )… Le texte en lui-même ne vaut pas forcément grand chose, mais j’aime bien l’idée (j’essaierai d’ailleurs peut-être de la reprendre dans un « vrai » texte, un jour, si j’ai le temps…).


Pudeur Débridée

Lady Lolhe se figea, comme frappée par la foudre… L’instant – en pleine cavalcade sauvage sur un éphèbe monté comme un étalon, tandis qu’une hétaïre léchait et doigtait avec enthousiasme ce qui pouvait l’être de son auguste croupe – ne s’y prêtait pourtant guère ! Mais cette activité frénétique, qui il y avait quelques secondes encore lui agréait follement, tout soudain la révulsait. Poussant un hurlement de biche blessée à mort, elle s’arracha de la luxurieuse composition pour elle exécutée par ses gens et, affolée, déchira un large pan d’une des tentures qui décoraient la pièce pour s’en draper en toute hâte, avant de glapir :

— Gaaaaaardes !

Et d’enchaîner, comme la porte s’ouvrait à la volée sur une demi-douzaine d’impressionnantes forces de la nature prêtes à se déchaîner :

— Assurez-vous de ces démons de vice et de dépravation, et jetez-les au plus profond des mes culs…

Cette fois encore, elle fut comme stoppée net dans son élan, et reprit, sur un ton bien plus doux :

— Et puis, non, allez, ils n’ont fait que m’obéir… Chassez-les du palais, que je ne les voie plus, c’est tout !

Incrédules, les brutes s’entre-regardèrent.

— Ô maîtresse, vous en êtes absolument sûre ? osa finalement demander leur chef. Pas de torture ?
— Ciel, non ! s’écria Lady Lolhe, horrifiée.
— …D’exécution en place publique ?
— Plus jamais !
— Pas même quelques petites décennies de bagne aux confins des Marches Fangeuses ?
— Contente-toi de les chasser, te dis-je, ces cruautés inutiles me font horreur ! Par le Tout Puissant, comment ai-je pu tant d’années durant être aveugle au mal que je causais ?

Mais déjà, la petite troupe ressortait de la pièce, emmenant ses deux ex-amants.

Enfin seule, elle se rhabilla en toute hâte, rouge de confusion à l‘idée de son inconduite – et pas seulement en ce qui concernait le stupre… À dire le vrai, sa tenue ne lui revenait plus guère – elle était digne de la putain la plus effrontée du Passage aux Roses ! Elle fit donc un détour par ses appartements, où après maintes fouilles ses servantes parvinrent à exhumer une vêture qui lui convînt… C’est donc dans une inhabituelle robe boutonnée jusqu’au col et à l’ourlet traînant plus bas que terre qu’elle ouvrit son conseil, en fin de matinée. Une fois toutes les révérences et courbettes d’usage exécutées, son Grand Chancellan attaqua :

— Ô ma Dame, le premier sujet que nous souhaitons porter à votre attention se trouve être la famine, qui sévit de plus en plus sévèrement sur vos terres…
— Nos greniers sont toujours pleins, n’est-il pas ? s’enquit la souveraine.
— Certes, majesté, mais nous estimons que nos profits ne seraient pas optimaux si nous en usions séant, rappela la Maîtresse des Bourses. Il faudrait encore attendre quelques semaines…
— Non ! Je ne sais comment nous avons jusqu’ici osé spéculer sur la vie de nos gens, mais je ne saurais le supporter plus longtemps ! Faites que cela cesse, et organisez au plus vite le réapprovisionnement du pays !

Son conseil, choqué, n’émit cependant aucune objection. Mais ces seigneurs et dames n’en pensaient pas moins…

***

Deux jours plus tard, alors qu’il traversait le second marché où grain et pain avaient retrouvé une valeur décente, un inconnu au visage en lame de couteau sourit dans l’ombre de son ample capuchon. Il regrettait certes un peu que son sort eût également affecté l’aspect intime de la personnalité de Lady Lolhe – son inextinguible appétit sexuel lui avait été des plus agréable, d’autant qu’il avait rarement l’heur de se livrer à ce genre de galipettes dans la peau d’une aguichante jeune femme –, mais dans l’ensemble, ça fonctionnait parfaitement…

Évidemment, l’actuelle dirigeante n’avait plus que quelques jours devant elle – qu’elle avait intérêt à mettre à profit pour préparer son exil, si elle ne voulait pas rapidement en venir à nourrir « personnellement » ses anciens amis, les alligators du fleuve… Mais cela n’avait guère d’importance. Il lancerait son charme de Pudeur Débridée sur autant de dirigeants que nécessaire, jusqu’à tant que les canailles de tous poils se lassent d’en avoir après une position qui deviendrait assurément maudite à leurs yeux…
_________________
Jeune homme atteint de nymphomanie chronique (comme disait tonton Georges) Very Happy


Dernière édition par iam.knowbodies le 30 Juin 2011, 08:46; édité 1 fois
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Olaf




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MessagePosté le: 29 Juil 2011, 22:46    Sujet du message: Re: Antilogie No 2 - juillet 2011 - Fade incandescence Répondre en citant

Olaf a écrit:
Fade Incandescence




Bonne lecture, même si le texte n'est pas vraiment drôle Embarassed

Fade incandescence
Encore chiffonné par une longue nuit d’insomnie, je contemple son corps à demi dénudé dans la pâleur du petit matin. Pas de lascive exhibition, pas de pose étudiée, juste un abandon, au hasard des mouvements de la nuit.

Immédiatement, je ressens dans ma chair à quel point cette femme a tout pour m’exciter. Parmi tant d’autres charmes, dont je sais être l’unique usufruitier, ses petits seins sensibles, ses fesses pleines et rondes, la douceur de sa peau, tout comme les trésors cachés entre ses cuisses provoquent en moi d’affolantes sensations dès l’instant où je les redécouvre.

Il suffit que je déplace un pli de tissu, relève la nuisette sur ses fesses, pour que déjà je m’emballe. La perspective de me repaître de ces délices me met dans un état second. De nombreuses résurgences de notre vie érotique se mélangent à des fantasmes inavoués. Ce que je peux contempler d’elle fait monter en moi une sourde envie, brute, animale. Comme par ensorcellement, tout ce qui ne participe pas à mon excitation disparaît alors de mon horizon érotique.

J’écarte ses cuisses du revers de la main, délicatement. Elle n’a pas besoin de s’animer pour m’exciter. L’habitude que j’ai de sa présence et la douce chaleur de son corps endormi suffisent à me mettre en rut. Rien ni personne ne domptera plus la bête qui piaffe dans mon ventre. Il me faut cette femme, son sexe, le plaisir que j’en tire et que jamais elle ne me refuse.

Dernier regard avant de m’emparer d’elle. Une évidence s’impose dans ce sursaut de lucidité. Cette femme, en plus de ce qu’elle offre de si excitant, a tout pour me séduire. Son intelligence, son humour corrosif, sa vivacité autant que son élégance la rendent attirante, désirable et font compter double les heures passées en sa compagnie.

Des visions fugitives de plaisirs partagés exacerbent mon désir. Mes mains brouillonnent, ma bouche s’impatiente. Je joue maladroitement avec ses cheveux, couvre sa nuque des caresses et des morsures que je la sais apprécier. Les pointes de ses seins se dressent, signe de son prochain réveil. Je considère égoïstement sa passivité comme une preuve de consentement. Cette vulnérabilité ne serait-elle d’ailleurs pas la vraie raison de mon soudain désir ? Qu’importe, sans perdre de temps en maladroits préliminaires, j’approche mon sexe bandé de ses fesses, puis glisse au coup par coup jusqu’à son entrejambe. Attiré par la tiède moiteur, je m’enfonce dans sa vulve à peine entrouverte d’un impérieux coup de reins.

Alors seulement, pour mieux jouir de cette étroite conjonction, je m’impose un instant de retenue. Ignorant les vagues qui agitent mes hanches, je reste immobile entre ses cuisses. Bref répit qui me laisse la liberté de me souvenir à quel point cette femme excitante et séduisante a aussi tout pour m’attacher à elle. Tant par ses talents domestiques, son sens artistique, que par la place si parfaite qu’elle sait donner à chaque chose autour d’elle. Sans oublier sa manière de mettre son corps en valeur, de jour comme de nuit, et cette troublante habitude de jouer naturellement de sa féminité pour m’inviter, ou me provoquer, à sa convenance.

L’élégance de ses dessous, qu’une sensuelle fébrilité me pousse maintenant à malmener, en est la preuve tangible. Une main sur un sein, l’autre sur sa nuque, je l’étreins fermement pendant que je m’active en elle. Sans me donner la peine de l’associer à la montée de mon plaisir, je me délecte longuement d’une volupté quasi solitaire. Pourtant, malgré les pulsions viriles qui me poussent à une rapide jouissance, l’ambivalence de sa passivité commence à me troubler. Impossible d’ignorer qu’elle me laisse m’emparer d’elle, comme si, à défaut d’embrasement des sens et du coeur, son emprise sur ma virilité suffisait à la contenter. L’intensité de mon désir n'est sans doute pas une réelle source de plaisir pour elle. Quant à la jouissance, elle ne fait depuis longtemps plus partie de ce qu’elle attend de moi.

Il est trop tard pour y remédier, je ne suis plus en état de maîtriser la situation. Elle connaît les sortilèges qui me font succomber sans qu’elle ait besoin de s’impliquer vraiment. Quelques contractions intimes et un long gémissement parfaitement simulé suffisent à me désarçonner. Le spasme particulièrement jouissif qu’elle provoque de la sorte me plaque contre ses fesses. Profondément enfoncé en elle, je me répands déjà dans son ventre.

Les saccades d’une longue et intense éjaculation me libèrent des tensions accumulées au cours de la nuit. Elles me soulagent sans me procurer de réelle satisfaction. Pire, lorsque tout est consommé, un étrange et douloureux sentiment me paralyse. En acceptant d’être le simple réceptacle d’un débordement auquel je ne l’ai pas conviée, cette femme, ma femme comme je m’autorise encore à la considérer, a joué mon jeu dans la plus totale abnégation. La perfide servilité sensuelle dont elle fait ainsi preuve me rend à jamais responsable, coupable même, de cette fade incandescence que je nous ai imposée.

Elle ouvre enfin les yeux et tourne la tête vers moi. Son sourire un peu triste m’achève. La pâle satisfaction que je crois lire sur son visage ne suffit pas à me rassurer. Seule une sourde jubilation doit en être la cause, que provoque l’évidente mainmise de son cul sur mon sexe affamé. Si seulement elle pouvait un jour m’adresser le moindre reproche...

Aucun doute que cette femme a tout pour m’exciter, me séduire et m’attacher à elle. C’est précisément cette certitude qui me ronge et rend mon désir si vain après un tel naufrage. Mon Dieu, comment en suis-je arrivé à perdre jusqu’à l’envie de l’aimer encore ?
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MessagePosté le: 30 Juil 2011, 18:20    Sujet du message: Répondre en citant

Ben non, il est pas drôle, mais il est bon, même excellent, ce texte, Olaf ! Very Happy

Voici ma contribution, très librement inspirée par un triste sire – et écrite en vitesse, hein… Embarassed

<h1>Fade</h1>
<h3>ou</h3>
<h2>Les malheurs du vice</h2>

L’homme soupira, une fois de plus… Avec lassitude, il jeta un regard circulaire sur sa cellule. La flamme falote de la chandelle n’éclairait que son bureau, laissant le reste – pour l’essentiel, un grand lit recouvert de draps de satin, et un salon en miniature qui lui servait à recevoir ses bien trop rares visites — dans une ombre déprimante.

La pièce bénéficiait certes d’un confort certain, mais n’en demeurait pas moins une cellule, avec une lourde porte verrouillée de l’extérieur, et des barreaux à l’unique fenêtre présentement dissimulée derrière de lourds velours. D’ailleurs, s’il tenait à conserver ces petites satisfactions matérielles, il avait intérêt à se remettre à l’ouvrage !

L’intermédiaire avait été on ne peut plus clair, la dernière fois. Il revenait le lendemain, et s’il n’avait pas un manuscrit fini à faire parvenir clandestinement à son éditeur, ce dernier le laisserait tomber. Ce n’était pas avec la misérable pension que lui versait sa famille – ce ramassis de racaille traîtresse – qu’il pourrait vivre décemment dans ce purgatoire.

Le problème, c’était que Girouard, cette canaille d’imprimeur, lui réclamait toujours plus d’outrance dans ses textes… Oh, bien sûr, au début, il s’était délecté à imaginer, puis coucher sur le papier les sévices qu’il faisait subir à ses héroïnes… Il avait joui des violences toujours plus brûlantes qu’il leur infligeait.

Mais cela était bien loin, désormais… « On » lui réclamait toujours de nouvelles « œuvres », plus incandescentes que les précédentes, afin d’enflammer – sous le manteau – une certaine intelligentsia prête à payer un bon prix pour vivre par procuration des sensations fortes. Récemment, il se surprenait à récurer les plus sombres et profonds culs de basse-fosse de son esprit, afin d’en exhumer de nouvelles tortures, tant physiques que spirituelles.

Un énième soupir vint ponctuer le point final. Le contrat était rempli, le destin de Juline était le pire qu’il ait jamais réservé à ses personnages.

Il se sentait… las… vide. Ce texte marcherait peut-être – probablement –, mais cela ne changerait rien au fait qu’il n’était qu’un interminable catalogue d’horreurs sans queue ni tête. Que n’aurait-il donné pour pouvoir écrire une simple histoire de sexe, avec juste quelques petites perversions bien innocentes pour l’assaisonner subtilement. Mais il ne le pouvait plus. Son esprit cautérisé par des tombereaux de vice ne savait même plus imaginer une telle chose…

Alors qu’il apposait sa signature au bas de son manuscrit – pour la beauté du geste, car elle serait évidemment passée sous silence par l’imprimeur ! –, il songea à l’ironique à-propos de son patronyme…

<right>Donald Alfred Francis, Marquis de Fade.</right>
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Hidden Side




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MessagePosté le: 14 Aoû 2011, 06:19    Sujet du message: Répondre en citant

Fade incandescence... (texte écrit un peu à l'arrache, en 2-3h - ça vaut ce que ça vaut !)
----------------------------

Les couples tournent au milieu de la piste. Une valse lente, aussi lente que leurs mouvements approximatifs. Il ne fait pas bon devenir vieux, ah ça non alors ! Et regardez-le, l’autre grand-père : 90 ans bien sonnés et ça joue les jeunes hommes au bras d’une rombière. Tourne, mon vieux, tourne ! Ça t’empêchera pas de finir dans le trou, va. Comme tout le monde, d’ailleurs. Qu’ils sont pathétiques, ces vieillards branlants qui font semblant d’être jeunes. On parle de troisième age pour être poli, mais eux ce serait plutôt le quatrième, voire le cinquième !

Je garde mes réflexions pour moi. Géraldine n’aime pas que je dise tout haut ce que les autres pensent tout bas. Elle trouve ça méchant… Ce n’est pas méchant, simplement réaliste, pragmatique si vous voulez. C’est une chouette fille, Géraldine, incapable d’une pensée mesquine ou vile. Pour elle, une grand-mère qui bave ou un papi qui soliloque, c’est une princesse déchue, un pauvre homme un peu triste et solitaire. C’est dire ! Alors, pour lui faire plaisir, je fais semblant d’apprécier ce spectacle désolant et je me tais.

On dirait qu’elle ne les voit pas, ces chairs pendantes, ces trognes ridées, ces bouches édentées. Comme si son regard transformait toute cette misère et cette solitude sommairement maquillée en silhouettes gracieuses et délicates. Et pourtant… C’est plein de gens âgés ici, ça pue la vieille fringue amidonnée et aussi la pisse, un peu. Y en a sûrement qu’ont dû oublier de changer leur couche, avant de venir au thé dansant ! Des petits gâteux qui ont bu trop de thé avec leurs petits gâteaux… Un vrai zoo humain, quoi.

Je sais vraiment pas ce qu’on fout là, c’est d’un glauque !

J’en ai soupé, moi, de perdre mon temps dans ce genre d’endroit cafardeux. Vivement que tout ça se termine et qu’on se barre d’ici. Vivement qu’on se retrouve ailleurs, n’importe quel ailleurs. Sous la couette, par exemple… Oui, parce qu’il faut vous dire que la môme Géraldine, elle a une sacré carrosserie ! Oh putain oui ! Il me tarde de l’allonger dans un lit, de préférence toute nue et les cuisses écartées, pour mieux admirer le travail du créateur. C’est qu’avec elle il a réalisé de la belle ouvrage, le vieux barbu ! Une gueule d’ange, des courbes alléchantes partout où il faut… et des creux humides et secrets dont je ne vous parle même pas. C’est simple, un corps fait pour l’amour. Et moi, l’amour, je veux le lui faire à mort !

Alors je reste patient, je la suis bien fidèlement dans tous ses petits délires altruistes. Je me fais doux comme un agneau, sage comme une image, gentil comme un bon garçon. Tout ça parce que la Géraldine, je la kiffe grave, comme on dit.

Dans une demi-heure, une heure tout au plus, je la prend par la main et on se tire d’ici. On laisse tous ces vieux débris retourner à leur télé et à leur partie de Scrabble. On va courir dans les rues calmes et désertes, abrités sous mon parapluie, et puis on va monter à l’hôtel. J’ai réservé une chambre dans le coin, au Marceau Beaulieu, un quatre étoiles dont elle va me dire des nouvelles. Je nous ferais monter du champagne pendant qu’elle sera sous la douche, puis j’irais la rejoindrai. On se savonnera l’un l’autre, ses petites mains passeront dans tous les recoins de mon corps et inversement. J’en bande déjà !

Une bonne femme s’approche, la cinquantaine bien tassée, le cheveux lisse et tiré en arrière en une queue de cheval bien proprette. Elle a la tronche d’un bouledogue déguisé en infirmière. Sûrement la garde-chiourme du club vermeil.

- Alors ça va ? On ne s’ennuie pas trop ?

Qu’est-ce qu’elle me veut, celle-là ? Elle croit quand même pas que je vais la faire valser, non ? Si tu t’emmerdes, grosse conne, t’as qu’à inviter le papi, là-bas en face !

Tiens, c’est marrant ! À côté du vieux tout fripé il y a aussi une infirmière à gueule de dogue, habillée tout pareil. On dirait presque sa jumelle, vue de dos. Elle s’adresse en vain au pauvre type à l’air hébété qui ne l’écoute même pas. On dirait un légume, celui-ci. Un légume particulièrement atteint. Il me regarde avec son air ahuri, ses yeux larmoyants, des yeux qui lui mangent tout le visage sous son front chauve couvert de taches de vieillesse. Le pépé lève une main hésitante, comme pour me faire signe. Qu’est-ce qu’il y a, l’ancêtre, tu veux ma photo ?


- Je crois qu’il vaudrait mieux rentrer, Monsieur Martinez. Je vous raccompagne à votre chambre ?

Une brusque confusion s’empare de moi. Je baisse la main tandis que le vieux en face fait de même. Je tourne la tête. Géraldine n’est plus là. Elle est partie sans moi, il y a de cela un demi siècle. Je ferme les yeux. Une larme roule lentement sur ma joue flétrie…


Dernière édition par Hidden Side le 14 Aoû 2011, 19:34; édité 1 fois
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MessagePosté le: 17 Aoû 2011, 15:58    Sujet du message: Répondre en citant

Olaf a écrit:
Fade Incandescence





Bon bah voilà, désolé. Bricolage sur mes instants d'oisiveté au bureau, ces deux derniers jours où j'étais loin d'être surchargé.

MINABLE

Aujourd'hui, j'ai renoncé à aller chez le psy.
Aussi étrange que ça puisse paraître, j'ai trouvé la force de ne pas aller au rendez-vous. Enfin, la force, façon de dire.
Disons plutôt que je ne trouvais plus force d'y aller. Ça fait un bien fou, tout de même !
Il faut être honnête : je n'en pouvais plus, de maintenir cette fiction que j'appelais « ma vie privée ». Oh, bien évidemment, le début était envoûtant : je racontais, et il m'écoutait. À défaut d'exister pour moi, ça existait pour lui. Patiemment, il prenait note de chaque détail que je lançais, et, bien évidemment, très subtilement, il tiquait à chaque fois que je lançais les plus révélateurs. Qu'il était plaisant de le voir réagir comme espéré !

Ce n'était pas tout le temps le cas, qui sait ce qu'il avait réellement dans la tête ? Mais, globalement, ça prenait. Et ça prenait même bien. Il me laissait parler, hochait la tête en marmonnant quelques phrases, l'air concerné. C'était grisant, et, rapidement, je n'ai plus vécu mes journées de travail et mes week ends que dans l'attente de nos séances. Rapidement, ça a commencé à me bouffer la tête.
Mais chez moi, je ne m'ennuyais plus : je passais mon temps à me documenter, pour construire mon récit, en gommer les incohérences. Cela dit, je n'étais pas non plus parti de rien ; je connaissais déjà un certain nombre des ressorts de nos âmes complexes pour élaborer une trame qui tenait debout : éducation parentale stricte, devoir d'excellence, angoisse face à l'échec, pression constante, impuissance, angoisses, tentation de l'alcool. Mes récits le tenaient en haleine. Ou bien était-ce moi, qui prenais plaisir à découvrir l'histoire que je tricotais fiévreusement ? Peu importe. Je me couchais tard, pour construire et apprendre cette histoire dont j'étais le héros.

Je me suis inventé des liaisons, de multiples liaisons. Beaucoup sans lendemain, par peur de l'engagement, de la réussite, en appliquant une méticuleuse stratégie de l'échec. Et le psy me posait des questions qui allaient dans ce sens, parfois, il m'offrait même sur un plateau des pistes inexplorées. Je n'avais qu'à me laisser guider par ses intuitions pour broder autour. Deux séances par semaines, ça me coûtait de l'argent, pas mal d'argent, je n'ai jamais calculé combien, au juste, mais les fins de mois étaient difficiles.
Je lui racontais ce qui pouvait, ce qui aurait pu être, mais n'était pas. N'est toujours pas, d'ailleurs, et ne sera sans doute jamais. Mais, d'une certaine manière, je vivais une vie. Je me suis inventé une autre famille : un père, véritable connard, avec qui je ne me suis, en plus de trente ans, jamais entendu, une mère absente, diaphane et volage, et une jeune sœur avec qui j'entretenais depuis aussi loin que remonte ma mémoire des relations troubles. Je n'ai ni frère ni sœur, dans la réalité, et je me félicite d'avoir pu si bien rendre le vécu d'une relation frère/sœur de la sorte. Quant à mes parents, ils ont toujours été du genre aimants, pas trop présents, pas idéaux non plus, mais ils ont de tous temps fait de leur mieux. Ce n'était pas eux que j'avais envie de raconter. Je l'ai vu tiquer, en parlant de la fois où j'avais fouillé dans les affaires de ma sœur. Je ne voulais pas dire le mot, je l'ai laissé faire, ça n'a pas été sans peine.
Inceste.
Une fois formulé, il m'a empli d'un trouble incroyable.

J'ai embrayé sur l'idée, forgeant et l'image de mes maîtresses afin qu'elle concorde avec celle de ma sœur, du moins dans les caractéristiques que je retenais en elle. Je me suis bien vite fait déborder par ma libido : j'y ai impliqué les deux collègues sur lesquelles je fantasme depuis mon arrivée, Marie et Kahina. J'ai laissé planer le doute en le noyant sous des questionnements de puceau : avaient-elles envie de moi ? Marie n'était-elle pas plus ou moins secrètement amoureuse de moi ? Mon narcissisme n'était pas en reste : ce connard de Bertrand, du contentieux, ne me jalousait-il pas d'avoir débloqué le dossier Durocher sans son aide ? Et dans ce cas, pourquoi ne trouvais-je pas la force de me mettre en avant ?
Par peur de paraître prétentieux, pardi !
Dans le cabinet du Docteur Kirchener, exposer mes fantasmes et les faire vivre dans l'esprit d'un autre, mon psy en l'occurrence, leur donnait corps, et cette nouvelle réalité, certes ténue, accompagnait désormais chacune de mes soirées humides de solitude. Catherine, ma petite Catherine, seize ans de blondeur ondulée, lorsqu'un soir, après une énième dispute avec les parents, je suis venu la réconforter, la serrant contre moi jusqu'à l'étouffer ou presque. Catherine, au corps juvénile, presque frêle. Ma sœur, mon sang. Elle est devenue femme, ce soir d'août étouffant. Je devais avoir vingt-quatre ou vingt-cinq ans. Non, non, ça ne va pas du tout. Disons plutôt dix-huit ou dix-neuf.

Mais maintenant, ces fantasmes sont usés jusqu'à la corde, et mon sexe flasque ne daigne même plus relever la tête lorsque je les invoque. Trop sophistiquée, ma biographie semble échapper à mon psy. Je dois être trop créatif : ça ne lui parle plus.

Soulagé. Mais tout de même...
Je me retrouve un peu con, comme ça, ce soir, avec rien à faire, ni à penser. Je n'ai même pas allumé la lumière. Seul l'écran de mon ordinateur illumine un peu la pièce d'une clarté bleutée. Je n'ai même pas coupé le traitement de texte, hier. Ma fiction biographique est toujours affichée. Je pourrais la remettre en forme, la partager avec d'autres. Faire croire que... mais à d'autres personnes. Je me lève, fasciné par l'écran et l'idée qui germe en moi comme un mal insidieux.
Je suis un imposteur.

Je vais devenir écrivain.
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Olaf




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MessagePosté le: 29 Aoû 2011, 21:23    Sujet du message: Répondre en citant

Olaf a écrit:
Refus consentant



- Donc si je comprends bien, à la place de passer la soirée avec moi, tu vas écouter une conférence sur je ne sais trop quel hindou et…
- Krishnamurti.
- Voilà, c’est ça, Krishna…
- …murti.
- Tout à fait par hasard, tu y rencontres un amateur de jazz séduisant et beau parleur, qui veut te faire écouter des disques d’un artiste particulièrement talentueux. Et tu le suis.

La jeune femme reste silencieuse, le visage fermé.

- Une fois chez lui, la musique t’emballe, le type t’emballe et tu couches avec lui. J’ai bien compris ?

Il s’approche d’elle, provoquant.

- Un air de clarinette, et zop, balayés nos rêves, étouffé notre amour, écrasée l’histoire que nous avons vécue ces derniers mois.

Sa voix tremble, il se contient avec peine.

- Tu ne dis rien ?
- Ce que je pourrais dire est si éloigné de ce que tu exprimes, que je ne vois pas quoi ajouter.
- Le pire dans tout ça, c’est que le jazz, moi, je n’en cause pas, mais j’en joue. L’idée ne t’a pas effleurée une seconde ?
- C’est bien ça le problème.
- Comment, le problème ? C’est toi qui t’éclate avec un mec qui déblatère sur Bechet ou Mezzrow, et c’est moi le problème ?
- Marsalis…
- Quoi ?
- Marsalis, pas Bechet ou Mezzrow.
- Et ça change quoi ? Bordel de merde, mais qu’est-ce qui peut bien t’attirer chez un mec qui parle de jazz, sans être capable d’en jouer une note.
- Justement, le fait qu’il m’en parle. Je n’y suis jamais arrivée avec toi. Dès que je m’en approche, tu te refermes et me laisses seule.
- Et c’est une raison suffisante pour coucher avec lui après la deuxième galette !
- Ce n’est pas ce que je voulais.
- Ne me prends pas pour plus con que je ne suis !
- Parce que tu penses vraiment que je cherche à coucher avec le premier mec qui partage mes intérêts ?
- Laisse-moi au moins l’illusion que c’est juste une lamentable histoire de cul. Parce que s’il y a des sentiments par dessus, je n’ai plus qu’à me flinguer. Le fait est que, le temps d’une conférence sur Gandhi, et déjà tu…
- Krishnamurti !
- Rien à foutre ! Le temps d’une conférence et déjà tu trouves l’âme sœur, qui sait communiquer ses émotions profondes et t’insuffler de sublimes sensations. Sublimes sensations, mon cul, juste se taper une pucelle.
- Ne sois pas grossier.
- Depuis quand la vérité serait-elle grossière ? Il aura été ta première fois, alors que toi, tu ne seras qu’une conquête de plus sur sa liste. Et moi, à ce petit jeu de la première fois, je reste à jamais blessé. Mais pourquoi as-tu décidé de tout casser entre nous sur un tel coup de tête ?
- Je ne l’ai pas voulu.
- Pourtant tu l’as suivi. Parle, parle maintenant ou je pète un câble. D’ailleurs s’en est trop, je me casse…

Elle tend la main vers lui, une immense tristesse au fond des yeux.

- Reste, je t’en prie, ne me laisse pas.
- Ah ! elle est bien bonne. TE laisser ? Mais qui a laissé l’autre ? Qui a mis de côté des mois de tendresse et foutu en l’air une belle histoire d’amour pour une nuit de baise, hein, qui ?
- Je n’ai rien mis de côté, rien, je te jure.
- Grotesque ! Dans cinq minutes, tu vas me dire que tu pensais à moi pendant que vous vous envoyiez en l’air.

Elle détourne la tête. La discussion tourne à l’aigre.

- Tu continues à ne rien dire. Tu ne peux pas comprendre que j’en crève ?
- Les détails que tu veux ne correspondent en rien à ce que j’ai ressenti. A quoi bon te les livrer en pâture.
- Il t’a baisée, oui ou non ? Tu lui as dit que tu étais vierge, que tu avais un autre mec ?
- Je ne lui ai rien dit, parce que je ne voulais pas coucher avec lui.
- Il n’empêche…
- Rien du tout. Nous avons parlé, nous nous sommes sentis très proches, un sentiment de tendresse est né. Point barre.
- Après…
- Je me suis endormie. Quand je me suis réveillée, il était contre moi, nu. Je lui ai dit que je préférais ne pas aller plus loin. Il a respecté mon refus. Nous en avons parlé. Ce qu’il m’a dit m’a touchée. J’ai éprouvé quelque chose de très fort, mais je n’étais pas excitée. Lui, si. Je ne voulais pas de cette forme de relation, de ce désir là, mais je ne l’ai pas vraiment repoussé.
- Et ce salaud en a profité !
- Quelle importance, finalement ?
- Parce que tu crois que me voler notre première fois n’a pas d’importance ?
- MA première fois ! Pas TA première fois, et surtout pas NOTRE première fois. Si tu me rencontrais dans quelques années, tu…
- Et bien justement, je ne t’ai pas rencontrée dans quelques années. Je voulais tout découvrir avec toi, rien de moins.
- Mais en quoi n’est-ce plus possible ? Ce que j’ai vécu avec cet homme, jamais je ne le vivrai avec un autre. Ce que je veux vivre avec toi, aucun autre ne peut me le donner. Rien n’empêche notre première fois d’être unique, et belle, comme nous l’avons rêvée. Il suffirait juste d’un tout petit peu de confiance.
- Mais pourquoi l’as-tu laissé te faire l’amour, si tu n’en avais pas envie ?
- Il ne m’a pas fait l’amour. Il a respecté mon refus. Enfin… presque.
- Presque ? Il n’y a pas une heure, tu m’avouais avoir couché avec lui.
- Je l’ai laissé venir en moi. Mais il n’a pas pu aller plus loin.
- J’y comprends plus rien !
- Pas étonnant ! Dit comme ça, c’est juste pathétique ! Si c’est ce que tu voulais, c’est réussi. Tout ce qu’il y avait de beau dans cette relation se résume à une histoire de cul inachevée.
- Si tu lui avais dit que c’était ta première fois, cela ne se serait sûrement pas passé comme ça.
- Ce n’est pas ce que j’ai voulu.
- Mais c’est ce que tu as fais. Comment pardonner, après ça ?
- Je ne te demande pas de me pardonner…
- J’avais remarqué !
- Oui, j’ai fait une erreur. Oui, je me suis laissé emporter par des sentiments que j’ai crus partagés. Mais je n’ai rien détruit entre nous. Pas mon amour, en tout cas.

Il reste prostré, à bout d’arguments. Elle se prépare à partir, à contrecœur. Au moment où elle veut ouvrir la porte, il la retient.

- Et c’est qui, ce Krishnamurti ?

Elle sursaute, désarçonnée par ce soudain intérêt.

- Si tu savais comme j’ai espéré cette question de ta part ! Pourquoi ne l’as-tu pas posée avant ?
- Je ne sais rien de toutes ces choses. Je me sens incapable de comprendre ce mode de pensée. J’ai peur de ce que cela pourrait changer, en moi, entre nous. Comme si le fait de m’avouer si superficiel risquait de t’éloigner à jamais de moi.

Bouleversée, elle referme la porte et s’avance vers lui. Elle le prend entre ses bras, serre son visage contre son ventre. Il reste immobile, paralysé par ce qui bouillonne en lui.

Elle finit par reculer d’un pas. Sans cesser de le regarder, elle déboutonne sa blouse et la laisse glisser au sol. Ses seins nus frémissent sous les yeux du jeune homme. Malgré tout son ressentiment, il ne peut s’empêcher de les contempler. Elle revient près de lui et prend sa tête entre ses mains. Il ne se détourne pas lorsqu’elle approche son mamelon de sa bouche.

- Je peux accepter que tu te refuses à m’aimer encore. Je peux accepter que tu me refuses ton amour. Mais je t’en prie, ne m’empêche pas de continuer à t’aimer.
- Comment oses-tu parler d’amour, après avoir piétiné mes sentiments, mes attentes, mes espoirs. Que me reste-t-il si je n’ai plus confiance ?
- Moi, ici et maintenant. Avec toi, pour toi. Moi, en toute liberté.
- Libre de repartir dès que l’envie te reprendra ? Je suis incapable d’aimer sans un minimum de certitude.
- Si je suis là, c’est que je t’aime, c’est que j’ai envie de toi. Que veux-tu de plus rassurant ? C’est la plus belle, la plus authentique preuve d’amour que je puisse t’offrir. Je t’en prie, ne te refuse pas à moi.
- Je n’aurais jamais la force d’oublier ce qui a été fait, balbutie-t-il, les yeux rivés sur ses seins aux pointes dressées.
- Je n’ai envie d’aucun autre que toi, promet-elle, avant d’envoyer valser son jeans et sa culotte à travers la chambre.

Elle lui retire ses derniers habits. Il ne résiste plus et la laisse s’allonger sur lui.

Elle écarte ses cuisses pour l’aider à se glisser contre sa vulve, puis le prend en elle, d’un mouvement des reins.

Il se laisse guider sur le chemin du plaisir. Enfouis au fond de son ventre, il découvre les sortilèges que seule une femme amoureuse sait offrir.

Quelques mots murmurés contre son oreille suffisent à le faire craquer. Une indéfinissable explosion d’émotions et de volupté, dans les larmes et le sperme, scelle cette première fois, qu’il n’aurait jamais pu imaginer plus intense, même dans ses rêves les plus fous.
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LouVilneau




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MessagePosté le: 30 Aoû 2011, 03:37    Sujet du message: Répondre en citant

Olaf a écrit:
Refus consentant


Si les deux premières antilogies ne m'ont guère inspiré (sans doute mon esprit "diesel"), celle-ci, par contre !

Bonne lecture...



Comme tous les vendredis à dix-huit heures, l’abbé Georges venait de s’asseoir dans le confessionnal. Depuis le temps qu’il faisait cela, il ne lui suffisait plus que de quelques secondes pour trouver cet état de dédoublement nécessaire à son activité à venir. Un état très particulier qui le faisait sortir de lui-même afin de pouvoir écouter sereinement les petites et les grandes misères humaines.

Plusieurs pénitents étaient déjà passés quand, bizarrement, il était sorti de sa transe. Une jeune fille était là, de l’autre côté du petit rectangle de grillage qui avouait que, le soir dans son lit, elle se caressait en pensant à un homme. Il en avait déjà tellement entendu à propos de masturbation que l’abbé se demanda ce qui l’avait soudain « réveillé », quand il s’aperçut qu’il bandait. Une magnifique érection soulevait sa soutane : mon Dieu, il y avait si longtemps ! il fallait certainement remonter jusqu’au séminaire pour trouver une telle érection spontanée.

Perturbé, l’abbé expédia sa pénitente avec trois « Notre-Père » et cinq « Je-vous-salue-Marie ». Et puis la vie reprit son cours, le passage des autres paroissiens, ses occupations et charges pastorales lui firent oublier cet incident jusqu’au jeudi soir suivant : en préparant sa journée du lendemain, l’anecdote lui revint en mémoire. Il avait toujours refusé d’intervenir consciemment dans les péchés qu’on lui avouait, il laissait son subconscient ? l’Esprit-Saint ? parler par sa bouche et tout le monde en avait été satisfait jusqu’à présent. Qu’est-ce qui avait bien pu le faire réagir ainsi ? Si elle revenait, il décida de « cuisiner » la jeune femme afin d’en avoir le cœur net.

Vendredi, dix-huit heures, la jeune fille est là, assise, attendant son tour. L’abbé la reconnaît, c’est Cécile, une gamine qu’il a eue au catéchisme il y a quelques années et qui était partie « à la ville » pour poursuivre ses études. Elle devait bien avoir une vingtaine d’années à présent.
L’abbé s’installe et doit attendre le passage de trois personnes avant que Cécile ne vienne s’agenouiller :

— Pardonnez-moi, mon Père, parce que j’ai péché…
— Soyez en paix, ma fille, je vous écoute…

Et là encore, Cécile avoue ses masturbations solitaires et ses pensées lubriques envers un homme.

— Est-ce un homme marié ?
— Non, mon Père…
— Alors, où est le mal ? C’est de votre âge de désirer un homme, de vouloir fonder un foyer.
— Mais, mon Père, c’est… c’est impossible !
— Comment cela, impossible ? Vous venez de me dire qu’il n’était pas marié !
— Mais, c’est un prêtre !
— Un prêtre ! Mais… mais…

Un lourd silence s’installe, soudain interrompu par un aveu chuchoté :

— Euh oui, un prêtre. Et… et… c’est… c’est vous !

L’abbé est abasourdi, ahuri par cette révélation. Une soudaine érection, incontrôlée, vient le perturber encore plus. C’est totalement en dehors de sa volonté qu’il s’entend prononcer :

— Écoute Cécile, ce que tu viens de me dire est trop grave. Reviens me voir ici, dans trois-quarts d’heure, il faut qu’on discute !


Quatre mois plus tard, le ventre de Cécile commençait à s’arrondir…
_________________
Je déteste qu'on essaie de me faire passer pour un con, j'y arrive très bien tout seul.
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