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L'érotisme est-il soluble dans le coca ?
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CatSaTum
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Inscrit le: 28 Jan 2007
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MessagePosté le: 07 Mar 2007, 08:22    Sujet du message: L'érotisme est-il soluble dans le coca ? Répondre en citant

L'érotisme est-il soluble dans le coca ?

Philippe Meyer me pardonnera ce détournement du titre de son essai, « Le communisme est-il soluble dans l'alcool ? ». On pouvait en effet se demander en 1978 si ce distillat n'aurait pas finalement raison du mur de Berlin. On peut se demander aujourd'hui si l'érotisme ne disparaîtra pas prochainement, noyé sous une déferlante au goût sucré uniforme, prétendument universel et fondamentalement écœurant.

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« Fait divers terrorisant et sex-appeal sont devenus les deux ressorts de l'attention publique »
René Huyghe, Dialogue avec le visible, 1955

« L'érotisme coule à pleins bords aujourd'hui. Il crie, il hurle dans toutes les rues, par mille affiches. »
François Mauriac, Nouveaux bloc-notes, 1961).

Ces propos ont cinquante ans. L'érotisme massif faisait débat. Sorti des rayonnages supérieurs des bibliothèques bourgeoises, le sexe est devenu au cours des cinquante dernières années un élément incontournable, omniprésent de notre paysage culturel, urbain, social, quotidien. Quoi d'étonnant, devant cette explosion, de retrouver aujourd'hui une uniformité quasi parfaite dans la production érotique ou pornographique ? Quand on produit en masse, on fait de la série. On a taylorisé le sexe.

Les scènes ou films, disponibles non plus dans les rues mais directement chez soi par la magie d'Internet, obéissent à un code très strict : vous pouvez prendre n'importe laquelle des séquences proposées, changer quelques éléments de décor, la couleur des cheveux, quelques poils pubiens en plus ou en moins, et vous obtenez rigoureusement la même chose, les mêmes actions, la plupart du temps dans le même ordre, chaque sous-ensemble, position ou action, ayant en gros la même durée. En respectant, comme toute bonne tragédie classique, une sacro-sainte trilogie unificatrice : fellation, pénétration, sodomie.

Cette trilogie est devenue par la force de la répétition le nec plus ultra de l'érotisme populaire, et par un mimétisme savamment canalisé le rite initiatique moderne commun aux marlous de banlieues et aux zazous de NAP, la clé du décryptage par l'adolescent de la sexualité, avec le risque d'être à l'origine d'une gigantesque déferlante de vaginisme dans les années futures. Elle a relégué les préliminaires au rang d'anachronisme et le cunnilingus à celui de curiosité.

Tout cela est répété à l'infini. Du copier/coller pornographique. Tout au plus peut-on noter, de temps en temps, le caractère innovant – ou déviant, question de point de vue – de certains réalisateurs, qui délaissent l'éjaculation faciale pour une bonne vieille vaginale, immanquablement filmée pendant de longues, très longues secondes après épanchement : faut quand même montrer que ça coule aussi, la matière noble, quant on la met par là. Des fois que certains auraient des doutes... Dame, à toujours la voir couler des ailes du nez à la fossette du menton, faut vérifier, on ne sait jamais !

Drôle de façon de réintroduire – si l'on peut dire – la démarche expérimentale...

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On peut certes aimer la construction stéréotypée, uniformisée qui prédomine la production X actuelle : pas de surprise, on sait où on va, alles in Ordnung. On peut aussi souhaiter autre chose, rechercher une émotion, un sentiment, le frisson de la découverte de personnages, d'une histoire, d'un contexte. Apprécier l'imagination, la force d'un univers créé de toutes pièces, un bonheur rencontré, un plaisir partagé dans le respect de l'autre.

L'intérêt de Revebébé est que, si on élimine – à juste titre – l'extrême, il n'impose rien, et publie à peu près tous les genres possibles, de la sautopafie effrénée à la bluette romantique. Mais Revebébé peut faire ce qu'il veut, il ne fera pas changer les auteurs. S'ils pratiquent une auto-censure, pensent que définir le contexte, c'est donner leur marque de montre, que planter le décor revient à égrener une suite statistique de mensurations, s'ils estiment qu'accumuler les positions ou au contraire les « mon cœur, mon amour », suffit pour faire un bon texte, personne n’y peut rien.

Chacun apprécie des textes très différents, parfois de la même façon que d'autres, et parfois à l'opposé. Nous n'avons pas la même grille de lecture, ni la même appréciation de certains passages. Il est arrivé que je note très bas un texte apprécié par d'autres, et inversement. Et alors ? Je revendique ma différence, comme je respecte profondément celle des autres.

Revebébé a choisi de mettre en avant la diversité. D'où la couleur « bl », d'où les listes de mise en avant que chacun peut construire, d'où les éditos que n'importe qui peut proposer, d'où les concours, d'où les critères (finalement toujours plus nombreux malgré les problèmes de mise à jour que ça pose), d'où l'inscription de qui le veut comme commentateur puis évaluateur.

C'est cette diversité, de choix ET d'avis, qui fait l'intérêt de Revebébé. Libre au lecteur ne ne pas suivre tel ou tel critique, et je l'y encourage vivement d'ailleurs : l'opinion qui importe vraiment aux yeux de tous, c'est la vôtre. Inscrivez-vous, notez, donnez votre avis : plus nombreux nous serons à exprimer notre point de vue sur des textes, et plus chaque texte trouvera sa juste place et son public.

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Il y a autant de différence entre les textes actuels qu'il y en a entre les films des années 1970/80 et les documentaires gynécologiques actuels : « [...] une époque où les réalisateurs savaient faire preuve d’inventivité et d'humour dans l’écriture de leurs scénarios, les scènes X elles-mêmes étant assez peu « anatomiques » et laissant place à une certaine mise en situation érotique. » (citation extraite de l'article de Wikipédia consacré à Brigitte Lahaie).

La surprise existe. Il faut la chercher, et on la trouve, tout de même, chez de nombreux auteurs, dans de nombreux récits. Ce qui différencie ces textes des autres productions n'est pas tant les actes en eux-mêmes, mais l'histoire, le contexte, les personnages... Qu'ils passent par une cavalcade sexuelle débridée ou une séquence plus intimiste n'a pas d'importance, qu'ils se terminent en « happy end » ou tragiquement non plus. L'essentiel est qu'on y trouve des personnages, qu'on y ressente une émotion, et surtout qu'ils soient servis par une écriture, un style réel, appliqué volontairement. Messieurs les auteurs, même la vulgarité peut se faire avec style.

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Mais alors, qu'est-ce que l'érotisme ? Qu'attendons-nous des auteurs, au bout du compte ?

Un auteur du site disait, dans un débat sur ce thème : « Pourquoi chercher à définir ? Définir, c'est finir et c'est... définitif !... C'est réducteur. ».

Une seule définition est réductrice, surtout si on se limite à celle de Restif de la Bretonne (« désir amoureux »). Des définitions plurielles en revanche montrent une formidable diversité, que l'on retrouve – étrange coïncidence – au fil des pages de Revebébé.

Les textes proposés en illustration de chaque définition sont très différents. Certains sont classés « non érotique », d'autres présentent des scènes franchement torrides. Ils ont reçu des avis contrastés à leur publication. Ils sont une preuve que la diversité existe, et qu'entre « Emmanuelle » et les snuff movies, il y a suffisamment de place pour créer un érotisme varié, différencié, à l'image de l'âme humaine.

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« L'érotisme est sérieux, parfois même tragique. »
Julien Green, Le miroir intérieur (1950-1954), Journal VI, 1955
9826 – Louis, ou le hasard de la vie

« L'érotisme se distingue parfois mal de la pornographie, et il embarrasse ainsi les censeurs. Pourtant, il nuance le but commun, procurer le plaisir génital, en l'enveloppant d'esthétique, en suggérant plus qu'il n'impose. Entre ce raffinement et la brutale obscénité, la différence est aussi grande, a-t-on pu écrire, qu'entre un vin de grand cru et un autre très épais »
Bertrand-Lapie, texte non retrouvé, cité par le TLF.
6869 – Ah ! Madame veut faire plaisir à Monsieur !

« L'érotisme a fait naître chez lui, pour ainsi dire, un sixième sens : la perception de la femme, et de la femme invisible, par les atomes amoureux qu'elle dégage. »
Edmond de Goncourt, Journal, 1895
10200 – Galatée

« L'érotisme est une pornographie de classe. »
Robert Escarpit, Lettre ouverte au diable, 1972
8717 – Un week-end à Paris

« L'érotisme, c'est de donner au corps les prestiges de l'esprit. »
Georges Perros, Papiers collés, 1960
9855 – Prune et Lilas

« L'érotisme n'est pas seulement désir du corps, mais, dans une égale mesure, désir d'honneur. Un partenaire que nous avons eu, qui tient à nous et qui nous aime, devient notre miroir, il est la mesure de notre importance et de notre mérite. »
Milan Kundera, Risibles amours, 1968
10356 – L'hirondelle qui fait le printemps

« J'ose affirmer qu'il n'y a pas d'érotisme authentique sans art de l'ambiguïté ; plus l'ambiguïté est puissante, plus vive est l'excitation. »
Milan Kundera, L'immortalité, 1990
9919 – J'ai deux amouuurs

« Toute relation érotique doit être vécue de manière qu'il vous soit facile d'en évoquer une image avec tout ce qu'il y a de beau en elle. »
Sören Kierkegaard, Le Journal du séducteur, in Ou bien... ou bien, 1843
8056 – Contemplation

« Le seul véritable antidote à l'angoisse qu'engendre chez l'homme la connaissance de sa mort inéluctable, c'est la joie érotique. »
Gilles Néret, erotica universalis, 2005
7225 – Caroline, pseudo Katana

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Et au bout de ce voyage dans la diversité de l'érotisme, il reste une évidence, celle de Jean Rostand, dans Carnets d'un biologiste (1959) :
« Langages communs à tous les hommes : la mathématique et l'érotisme. »

Mais là, je n'ai pas trouvé de texte, la science mathématique m'étant à peine moins étrangère que le belouchistanais sub-oriental. Le lien entre mathématique et érotisme reste à établir, peut-être sur les traces de Robert Heinlein :
« — Le sein d'une femme... une élégante courbe du troisième degré.
— Quatrième, vous oubliez la variable temporelle »

Les enfants de Mathusalem, 1941.

Voilà une belle piste à suivre pour auteur ambitieux ! Et quelle que soit la piste que vous déciderez de suivre, chers auteurs sans qui ce site n'existerait pas et sans qui la diversité resterait un mythe, étonnez-nous, faites-nous rêver, nous évader des sempiternels trois mouvements de la baise bien ordonnée, qui ont étrangement remplacé les temps du « présentez, armes ! » que quelques-uns ont connu.

A croire que, dès lors qu'il est question de brandir, l'homme a besoin d'un rituel codifié...
BBautorise
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Proverbe Shadock
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Patrik




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MessagePosté le: 06 Avr 2007, 05:28    Sujet du message: Bravo Répondre en citant

Tout y est bien dit...
Que dire de plus, sinon approuver ?
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Amanite




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MessagePosté le: 16 Juil 2007, 11:07    Sujet du message: Répondre en citant

CatSaTum a écrit:

« — Le sein d'une femme... une élégante courbe du troisième degré.
— Quatrième, vous oubliez la variable temporelle »

Les enfants de Mathusalem, 1941.


Dédié à l’ingénieur français Pierre Bézier (1910 – 1999), qui décrivit pour la première fois en 1962, pour concevoir des pièces d’automobiles, les courbes polynomiales qui portent son nom, et qui aurait mieux fait d’être un poète.

Alors qu’avoue Bézier allier math et dessin,
Ah, Lorca, vous baisiez, alliez mater des seins.

_________________
"C'est tout de même malheureux qu'il faille toujours gueuler pour avoir raison."
Fred Vargas
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Zébulon




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MessagePosté le: 27 Mai 2009, 10:39    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne découvre ce texte qu'aujourd'hui, plus de deux ans après sa parution, par manque de curiosité antérieure surement.

Mon dieu, qu'il est brillant ! On devrait l'afficher en page d'accueil et en faire notre bible quotidienne.
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