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[Padoum]

Blues in blueBBautorise

Il est plutôt jeune, pas mal, hétéro, surtout. D’ailleurs, il habite avec sa copine, mais elle est chez sa mère. Comme il s’ennuie, il surfe sur internet, au hasard. Et, tout à fait pas hasard, il tombe sur un chat gay. Toujours par le plus grand des hasards, il prend le pseudo de Sexygrenoble25ans, parce que c’est le premier qui lui vient à l’esprit. Et encore par hasard, il reçoit, tout de suite, des propositions dont une qui l’émoustille. Mais il n’est pas homo, et même pas bi, voyons. La preuve : c’est sa première fois.

Lui, il est souvent sur la route. Il fatigue un peu et décide de s’arrêter. Tiens, c’est rigolo, on parle de cette aire d’autoroute comme un lieu de rendez-vous… C’était pas prémédité, mais l’idée d’assister au spectacle le met de bonne humeur. Il mettra un peu de temps à pisser. Personne ? Zut, dommage, vraiment. Ah, si, un camion qui se gare. Une sacré réputation, les camionneurs. S’il est là, c’est qu’il en veut.
C’est aussi sa première fois, vrai de vrai. Les quelques automobilistes arrêtés sur cette aire propageront à leur tour la rumeur selon laquelle c’est un lieu de rendez-vous réputé.

Quand au troisième, il est distrait. Quand il a lu « sauna pour homme » sur la plaque discrète de l’établissement, il a pensé à éliminer ses toxines. Il a été très surpris, vraiment, quand il a compris qu’on y évacuait aussi autre chose. Mais ça lui a plu, il reviendra.

Le dernier, enfin, s’ennuie à la fac. Et s’occupe. Pendant les cours, après les cours, jusqu'à ce qu’il décide d’inviter un copain pour partager ses activités. En attendant mieux, peut-être…

l’évaluateur soupire, note 6 et assène : tiens, encore une initiation hh

Je viens de vous résumer 80% des textes bleu publié : les mêmes protestations d’hétérosexualité, mêlées aux mêmes scènes ad libitum : prise en mains par un initiateur autoritaire, fellation, avaler ou pas, la sodomie oui, mais non, mais c’est la première fois, ça fait mal, continue, c’est bon, et avec un peu de chance un troisième larron déboulera histoire de parfaire l’éducation du héros.

Nul ? Pas toujours. Mal écrit ? Quelquefois. Sans passion ? Cela arrive.

Lassant. Comme toute répétition. Lassant. Ecoeurant comme un trop gros bol de chantilly, mièvre à force d'etre sucré, et triste à pleurer, ou plutôt à rire, parce que ça en devient ridicule. Et même si on peut très bien comprendre la jubilation de l’homme, caché derrière son clavier, à dévoiler le plus secret de ses fantasmes, celui qu’il hésite même à s’avouer à lui-même, on lui dirait bien : mais tant qu’à fantasmer, allez y franchement !


Raconter une histoire, poser des personnages, y croire, vraiment. Un scénario rebattu peut être un très bon texte : la rencontre sur les bancs des institutions scolaires a donné de bons résultats. Ou passer de l’autre côté du miroir : initiation côté initiateur. Froid, sobre, glaçant, car le personnage est un prédateur. Différent.

Pas seulement pour la lectrice que je suis. Oui, vous avez lu, lectrice. Que celui qui n'a jamais zyeuté deux filles enlacées immortalisée sur pellicule pose la première question... Lectrice qui s’est tapée des kilométres de pseudo-annonces et de branlettes mécaniques, pour trouver la perle rare, celle qui allume le projecteur du cinéma interieur. Et qui a trouvé.Ca, par exemple.

Mais on peut, aussi, sortir. Partir. S’évader. Dans le désert, sous les tropiques. Rêver devant une photo, imaginer une grande histoire d’amour.
C’est possible. Ca existe. C’est tellement rare. Et ce n'est pas réservé aux érotismes prétenduement consensuels.

Alors, oubliez les poncifs, les choses qui se font, mettez votre timidité au placard, et osez.

Osez ce que les prêtresses de Lesbos dévoilèrent bien avant vous.
Osez nous faire partager la douceur de vos pensées.
Osez nous conter les fleurs de vos jardins secrets.
Osez nous faire rire
Osez nous entrouvrir vos coeurs.
Osez nous laisser nous couler dans l’histoire, mettre l’œil à la serrure, l’oreille contre le mur pour saisir ce qui est nous est inconnu, le mystère des hommes.
Osez nous donner le texte suffisamment sensuel pour que je puisse, moi, lectrice, m’imaginer glissée subrepticement entre deux corps attirants…
Osez nous surprendre, nous dépayser, nous intriguer, nous malmener, même, nous les lecteurs, pour qui, un peu au moins, vous allez cliquer sur le bouton « envoyer mon texte ».

Osez nous faire rêver... Tout simplement.

Et vous, qui vous dites c'est pas des trucs pour moi, entrez, faites vous votre idée, vous pourriez faire des découvertes... littéraires.
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Petit escargot porte sur son dos sa maisonnette
aussitôt qu'il pleut il est tout heureux il sort sa tête (ma méthode de guitare, leçon 1)