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[Collectif]

Des sous-vêtements dans le frigo, et quoi d’autre ?



En ces temps de canicule, qui a des idées fraîches ?
avec la participation de Agerespectab, Alexandre92, Amanite, Benoblack, Catherine, Giusepe, Isilwen, Nono, Pattie, Padoum, Ségosa.



- En terrasse, vous verrez passer les plus jolies filles de Paris, m’annonce le serveur. Mais dans la salle du fond, c’est climatisé. C’est comme vous voulez !

Allez, tant pis pour les jolies filles, mais pour écrire mon édito, j’ai besoin d’avoir les idées fraîches. Quelle idée de travailler de ce temps-là. Et pour faire un édito sur la canicule, en plus ! Pff !

La salle est petite et je me glisse derrière un groupe de quelques personnes. La seule femme du groupe (et de la salle) est une touche de fraîcheur miraculeuse au milieu de ces personnages habillés de façon beaucoup plus stricte. Comment peut-on supporter costume et cravate alors que la canicule s’installe de plus en plus ?

Je m’apprête à chercher une idée de départ quand mon oreille intercepte la question d’un de mes voisins.

- ... Tiens, comme dans le film ‘Sept ans de réflexion, avec Marilyn ; Vous savez, la scène avec les sous-vêtements dans le frigo. Vous n’allez pas me dire que vous n’avez pas une ou deux idées aussi farfelues, vous aussi. Lâchez-vous, vous n’êtes plus au bureau, bon sang !

Tiens c’est une bonne question ça, me dis-je. Que faire ? S’enfermer dans un bureau climatisé, partir en vacances en Terre Adélie, louer une chambre de froide ? Sages ou coquines, les idées ne doivent pas manquer pour lutter contre la canicule… ou pour en profiter, d’ailleurs !

La voix insiste.

- Allez, Alex, tu ne vas pas me dire que tu n’as pas d’imagination ?

Et finalement, mes voisins semblent prêts à briser la glace.


- Moi, commence l’interpellé, je ne sais pas si ça va t’avancer mais, hier soir, en constatant que les orages de la nuit et de la journée n'avaient pas changé quoi que ce soit à la lourdeur de l'air, j'ai suggéré à la dame qui partage mes nuits depuis quelques années d'aller manger dans le frigo...

Nous étions, porte dudit appareil ouverte, à humer l'air climatisé et frais, et elle me répond, apercevant ma fille qui nous regardait, l’œil écarquillé, par la porte de la cuisine : "Pas de problème, on pousse quelques légumes et on a de la place pour trois !"

Ça m'a rappelé l’armoire de ‘Narnia’.. la fameuse armoire, qui contient du monde et s'ouvre sur un monde frais et noyé sous la neige... D’accord, c’est un film pour enfants, mais bon, vous pouvez aussi fantasmer sur la sorcière blanche..

Alors, est-ce une idée comme ça que tu voulais ? Ou c’est juste un fantasme personnel et une nécessité réunis ?


Le plus ancien du groupe ne laisse même pas le temps de répondre. Il enchaîne :

- Pour moi j'espère que le frigo sera du genre "gorges profondes"...

Il savoure un instant l’effet produit et reprend

- Eh, ne vous excitez pas trop, les mecs, je veux parler des gorges du Tarn, au fond desquelles pourrait couler une rivière à bonne température. Je vous tiendrai au courant ...de la rivière, Ha ha, ha ...

Fichtre, l’ancien, ça doit être le comique troupier du groupe, à mon avis ! Mais bon, au moins il me donne des idées, la rivière bien fraîche, ça me fait penser à la sauvageonne de Jeff.
Je griffonne deux ou trois notes sur mon carnet, quand la voix chantante de l’inconnue me fait sursauter.

- Je confirme, la balade semi aquatique, ça, c’est bénéfique !
Dans les gorges du Toulourenc, cinq heures de marche avec de l'eau arrivant, suivant les moments, aux chevilles ou aux épaules, des arbres, de l'ombre, et des mecs sur les rives en train de bronzer, des mecs que l'on imaginerait volontiers mieux foutus ...

La belle soutient le regard des hommes qui l’accompagnent, amusée par sa petite pique à la fierté masculine. Puis souffle le chaud, le caniculaire, juste aussitôt :

- ... une petite pause sur un caillou, une amie qui fait des photos, et la fraîcheur qui nous entraînerait bien à enlever même nos petits maillots ...

Dommage, pensais-je, une si délicieuse personne et malheureusement, elle semble plus goûter les plaisirs féminins que les nôtres. Pourtant, ce grand regard qu’elle accroche au mien me laisse rêveur. Après tout, sur le site, Bilitis, Isilwen et Sofie ne sont-elles pas B.I.S. ?
Hein ? Mais non, je ne parle pas de vie privée, je parle des initiales, ha, ha, ha, me voilà à mon tour le comique de service !
Tiens, je me demande si un de leurs récits s’est déjà déroulé près d’une rivière. En tout cas, près d’une piscine, oui, notamment chez Bilitis (ici et là). Attention, c’est chaud ! ...

Alors que je me laissais bercer par les derniers mots de la belle inconnue, ses acolytes se sont enfin débridés.


- Entre les ferias de Mont de Marsan et celles de Dax, j'ai quinze jours de répit, je vais corriger ! dit l’un qui oublie le côté coquin. Fera-t-il ses corrections nu, au milieu du lac d’Aureilhan, espérant trouver sa sirène ? Comme Ed Benelli par exemple, qui nous offre, en allant ‘Au lac’, un délicieux moment de fraîcheur !

Un autre, à la cravate décorée d’une multitude de champignons rouges et blancs :
- En ce moment, je rêve d'une fellation avec un glaçon dans la bouche de la dame.

Jeux de glaçons, dit-il ? Je me souviens d’Elvéa qui s’y est essayé dans un ‘Floriane’ peu lu. Puis, le rythme des propositions s’accélère.

- Ou des ébats dans une piscine, un lac, une rivière, la mer ...
- Oh, un petit jeu avec des glaçons (ou des ice-creams) fondants sur le corps, hmmm
- Autre option, vivre nu... mais ne pas oublier la crème solaire !
- Une bataille de tuyaux d'arrosage qui dégénère ?

Tiens, personne n’a pensé au champagne, me dis-je ?

-Oh, la la, ça part dans tous les sens, interrompt un des hommes que je jurerais italien, va savoir pourquoi ? Moi, continue-t-il, je vous propose un jeu plus élaboré ...

Chacun se regarde. Qu’est-ce qu’il entend par ‘élaboré’ ?

- Je suis dans un grand saule, sur une solide branche presque horizontale, à trois mètres du sol. Il fait chaud, 35 degrés, malgré le petit étang à proximité. Ma belle est étendue dans l’herbe, à l’ombre des branches, sur le dos, juste en dessous de moi. Elle est nue, faut-il le préciser ?
A l’aide d’un compte-goutte, je laisse tomber de petites perles glacées sur son corps. Je vise :
les genoux, 20 points ; le nez, 50 points ; la bouche, 100 points ; les seins, 200 points ; le nombril, 300 points ; le pubis, 500 points ; le clitoris 1000 points.
Si ma goutte tombe dans l’herbe, je perds 100 points.
À 3000 points, je descends de l’arbre.


Un ange passe, il a fait mouche, frissons garantis...
Une petite voix dans ma tête dit « Ça ferait une histoire délicieuse ! »


Un autre intervient déjà, rompant le silence et la rêverie.

- Y'aurait peut-être la charmante demoiselle qui rentre chez elle après un orage et dont la robe a été rendue transparente par l'eau de pluie ...

Un autre silence s’installe, les voyeurs plus ou moins avoués sont nombreux autour de cette table.
Moi-même, j’avoue ... et d’un œil gourmand, je parcours les courbes de celle qui me fait face, imaginant, cette robe légère collée à sa peau. Je dois avoir l’air niais. Et encore plus lorsque sa voix retentit dans ma direction.

- Et vous monsieur, qui semblez rêver à nos délires, auriez-vous une proposition à nous faire ?
- Fichtre, Madame, vous me prenez de court ...

Formule à la fois banale et pédante, mais qui me donne au moins le temps de réfléchir. Ça mouline à deux cent à l’heure sous mon crâne !!
Deux ou trois ‘Euh...’ hésitants qui font naître des sourires sur certains visages, et par chance, une idée me vient.


- En rentrant ce soir, pendant que j'écrirai ce texte qu’on attend de moi, voyez-vous, le robinet sera en train de remplir la baignoire.
L'eau devrait être entre 20 et 25 degrés, et quand j'aurai fait 'Envoyer', il ne me restera plus qu'à me servir un Ouzo glacé, poser celui-ci près de la baignoire auprès d'un livre un peu coquin (là, ce sera " Léa et les ogres" que je commence à peine), à mettre une musique relaxante (ce sera sans doute Pink Floyd ou Kitaro) ... et à me laisser glisser dans l'eau pour une demi-heure de totale détente.
Ah, j'oubliais ! Je laisse la porte d'entrée grande ouverte. Pour augmenter le brassage d'air, tout d'abord ... Et puis après tout, rien n'empêche d'imaginer qu'une inconnue s'introduise et vienne me donner des idées pour un nouveau texte ...


J’ai quitté le bistrot quelques minutes plus tard, en même temps que mes interlocuteurs. Sur le pas de la porte, l’inconnue s’est approchée discrètement de mon oreille.

- C’est tentant, votre histoire d’ouzo et de baignoire.

Je l’aurais bien invitée ... mais j’avais un édito à envoyer.
Quoique !... Il faut penser à s’hydrater, nous disent les médias, alors ...