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Padoum Modérateurs
Inscrit le: 11 Avr 2005 Messages: 1065
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Posté le: 01 Juil 2006, 17:31 Sujet du message: Le tutu qui tue |
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Le tutu qui tue
Dans le langage courant, un tutu est un vêtement de danse, qui a été extrêmement érotique à une époque où les jambes des femmes étaient encore taboues. Gaze aérienne ou tulle plissé, ce costume de scène a connu la gloire avec les belles heures de l’Opéra. En révebébéien, par contre, le tutu est quelque chose de difficile à réussir, souvent décrié mais aussi très apprécié par des auteurs débutants.
Le tutu, c’est le texte écrit à la deuxième personne du singulier, très rarement du pluriel. Souvent une lettre, parfois juste un récit vu du point de vue du narrateur. Et c’est un texte qui se verra noté 12, souvent moins.
Les lecteurs de Révebébé sont des voyeurs. Comment qualifier autrement quelqu’un qui prend plaisir à épier, par mots interposés, des ébats intimes qui ne le concernent en rien. Mais les gens bien élevés ont appris qu’il ne fallait pas lire une lettre qui ne vous est pas destinée. Pour certains, ce pourrait après tout augmenter le plaisir. A l’interdit de lire de l’érotisme s’ajoute l’indiscrétion. Pourtant le tutu renvoie la majorité des lecteurs à leur condition de voyeur. Tu veux voir ? Et bien tu n’étais pas invité .
Et pourtant, certains auteurs vont réussir la gageure de nous inviter dans une histoire qui n’est pas la nôtre.
Le plus simple, de fait, est de s’adresser au lecteur lui-même. Plus de voyeurisme. Je te parle, lecteur, écoute et installe-toi, dit Lolo dans Je ne peux pas t’offrir beaucoup. Et ça marche, on entre, on est bien dans ce texte. Simple ? Pas tant que ça. Je suis une femme. Lolo s’adresse à un homme et je découvre qu’elle ne me parlait pas. C’est le risque : il suffit d’un détail, couleur de cheveux, forme de vêtement, pour éloigner le lecteur. Qui se trouvera plus déconfit encore parce que, pendant quelques instants, il y a presque cru.
Alors on peut se raccrocher à des choses simples. Dans Dodge the dodo, Isilwen prend la musique comme fil conducteur, et ça fonctionne. Parce que le souvenir lié à une mélodie est quelque chose de presque universellement partagé. Alors, Isilwen, ce que tu racontes je ne le connais pas, mais j’ai en écho d’autres moments que ta lettre sans objet réveille. Et je te suis.
Une autre possibilité, c’est de mettre une distance entre le narrateur et son interlocuteur. Ainsi dans Le fruit défendu, l’homme à qui s’adresse le récit ne sera que spectateur. Il devient, alors, facile de se glisser à sa place, ou à côté, et de suivre l’histoire qui s’offre à nos yeux.
Car en fait, le plus efficace c’est encore celui là : nous accrocher, nous faire deviner un mystère, un dénouement. Ne pas se limiter à la rencontre des corps ou des cœurs, mais tirer un fil de récit, comme dans ce Mots d’elle, à la fois dur et prenant. Ou, du même auteur, Triolisme à deux, qui par son dialogue de sourds, nous entraîne à découvrir Audré, l’absente, qui se découvre sous les voix des deux amants. Nous faire oublier que nous lisons des pensées qui ne sont pas les nôtres…
Et puis, il y a aussi ces récits qui ne sont qu’à moitié ces textes trop personnels que sont les tutus. En littérature on utilise parfois cet artifice qui consiste à introduire le texte par un petit récit ... en chinant chez un brocanteur, j’ai trouvé un paquet de lettres jaunies. Quelques mots happés au hasard m’ont convaincu de les emporter… Etrangement je n’ai pas trouvé un tel texte sur Rêvebébé. Par contre, il arrive qu’un auteur mêle récit classique et tutu, comme La mauvaise conscience, de Vince. Alors les mots s’entremêlent à l’histoire, on sait à qui ils sont destinés, ils ne sont pas perdus, on peut lire, sans inquiétude, sans culpabilité…
Suite à une remarque de Phoenix
Sur ce, bonnes vacances aux juilletistes! _________________ Petit escargot porte sur son dos sa maisonnette
aussitôt qu'il pleut il est tout heureux il sort sa tête (ma méthode de guitare, leçon 1) |
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Isilwen
Inscrit le: 23 Mai 2005 Messages: 7
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Posté le: 05 Juil 2006, 12:35 Sujet du message: |
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Bonjour,
je ne peux nier que voir "dodge" en exemple d'un "tutu" réussi me flatte. cependant, je tiens à relever que ce ne fut pas facile d'utiliser un morceau de musique. c'est un petit peu passé à la trappe, (et c'est un peu ma faute) mais le texte est callé exactement avec la version live du morceau utilisé... pour info : titre : Dodge the dodo, groupe : Ebjorn Svensson Trio.
mais je tiens à vous remercier d'avoir porté de l'interet à mon texte !
bonnes vacances ???? déjà ????
bonne canicule plutot !
isilwen |
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