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[Brodsky]

28 octobre 2016, 20 h 00, devant l'Hôtel Hilton de la porte Maillot à Paris. Une foule de journalistes surexcités est massée sur le trottoir. Des dizaines de caméras filment les allers-retours incessants des voitures de luxe aux vitres teintées qui débarquent leurs proies.

— Ici Laurence Ferrari pour LCI ; je suis en poste devant l'hôtel et... Ça y est ! Une voiture vient d'arriver. Je tente de m'approcher... C'est Jakin qui en descend. Blouson noir et cheveux au vent... Il n'est pas seul... Ah, il est accompagné de Calpurnia. Je vais tenter d'obtenir une interview ; pas facile avec la foule qui se presse ici... Jakin ! Jakin ! S'il vous plaît... Quelques mots en direct pour LCI ?
— Oui, bien sûr Laurence...
— Qu'est-ce qui vous amène ici ce soir à la réunion des Zélus de Rêvebébé ?
— Une réunion entre amis... Une bonne bouffe avec des potes...
— Certains prétendent que vous vous réunissez ici pour des raisons moins frivoles ?
— Frivoles ? Vous êtes en progrès, Laurence : vous commencez à employer des mots un peu plus variés que les autres journalistes... félicitations !
— Calpurnia, s'il vous plaît... On parle de réunion secrète...
— Tellement secrète que vous êtes tous informés... Hi hi hi !
— Chers téléspectateurs, une seconde voiture vient d'arriver. Je garde l'antenne ?
— Oui, Laurence, nous couvrirons l'arrivée des participants en direct. Allez-y.
— Je ne sais pas si vous entendez les acclamations de la foule... Ils sont trois ! Athanagor, Catherine et... Radagast. Oh là là... il semblerait que Radagast ait déjà commencé les festivités. En tout cas, il a du mal à marcher... Il s'appuie sur les épaules de Catherine pendant qu'Athanagor est en train de signer des autographes... Monsieur Radagast, Monsieur Radagast... une déclaration pour LCI ?
— Calpurnia est ab... arrivée ?
— Oui, elle vient d'entrer.
— Elle est sapée comment ?
— Elle était avec Jakin...
— Quoi ? Ce vieux bouc m'a encore grillé !
— Rad', tiens-toi mieux que ça, voyons...
— T'as raison Catherine. Embrasse-moi, s'il te plaît... ON VA S'AIMER !!! SUR UNE ÉTOILE OU SUR UN OREILLER !!!
— Laurence, nous reprenons l'antenne un instant : nous avons Ldcc en direct par téléphone pour commenter l’événement ; on vous retrouve tout de suite après. Ldcc, pouvez-vous nous en dire plus sur l’événement de ce soir ?
— Quel événement ? Quelques-uns de nos écrivains ont décidé de se réunir pour faire la fête ; je ne vois pas trop en quoi cela crée un événement.
— Eh bien... nous avons reçu des informations qui prétendent que la fête ne serait qu'un prétexte.
— Un prétexte à quoi ?
— On parle de réunion secrète... de complot...
— De complot contre qui, bon sang ?
— Contre la littérature.
— Vous voulez rire, j'espère...
— Alors pourquoi ne soutenez-vous pas leur action ?
— Je n'ai pas à soutenir ou à condamner qui que ce soit. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
— Alors pourquoi n'êtes-vous pas invité ?
— Je l'étais, figurez vous... Mais il s'avère que ce soir, c'est l'anniversaire de ma voisine qui est célibataire et qui m'avait invité avant en même temps que Kim Kardashian et Monica Bellucci. Alors, même si j'ai beaucoup d'affection pour mes amis Zélus, je ne suis pas libre ce soir.
— Merci, Ldcc.
— C'est moi qui vous remercie.
— Laurence, nous vous rendons l'antenne. Comment ça se passe, de votre côté ?
— Oh, c'est juste du délire ! On vient de voir arriver un invité surprise qui accepte de répondre en direct à nos questions. Bonsoir, Arobaz... C'est votre première fois au groupe des Zélus ?
— Oui, et j'en suis très fier, voyez-vous.
— Que vous est-il arrivé ? Vous avez des hématomes autour de l’œil gauche, on dirait...
— Oh, ce n'est rien ; un coup de sabre laser.
— On prétend que c'est Dark Vador...
— Oui, en quelque sorte. Je jouais à la guerre des étoiles avec mon fils de cinq ans, et il m'a donné un coup malencontreux sans le faire exprès.
— Vous êtes sûr qu'il ne s'agit pas d'un autre Dark Vador ?
— Vous savez le problème qu'il y a avec vous, les journalistes ? C'est que parfois, vous posez des questions où je comprends pas tout...
— Une autre voiture arrive et... Ah, cette fois c'est Démon et Laure Topigne qui en descendent. Démon... Pour LCI... Vous vous faites rare ces dernier temps. Qu'est-ce qui vous amène ici ?
— Il y a des tas de beaux mecs : vous ne croyez pas que je vais rater un tel événement.
— Et vous venez toujours armée de votre cravache ?
— C'est une badine, Laurence ; croyez-moi, ça fait beaucoup plus mal. Vous voulez essayer ?
— Euh, pas ce soir, merci.
— Vos savez où me joindre, ma jolie... Ce sera toujours un plaisir...
— Et vous, Laure, vous accompagnez Démon. C'est pour vous, la badine ?
— Oui : elle m'a promis de m'apprendre comment on s'en sert.
— Vous comptez l'utiliser sur qui ?
— Sur le type qui attend ligoté dans les caves de l'hôtel.
— Vous êtes sérieuse ?
— Ah ah ah ! Bises...
— Oh là là... entendez-moi ces clameurs... Attendez, je me rapproche... Une porte s'ouvre... Écoutez-moi ces cris... Je n'ai jamais entendu ça, même après l'élection de Nicolas Sarkozy... Lilas !!! C'est Lilas !!! Mon Dieu, elle est magnifique... Habillée d'un fourreau noir qui met sa poitrine en valeur... des chaussures de chez Gucci, avec quinze centimètres de talons... Lilas, Lilas, s'il vous plaît, une déclaration pour LCI.
— Avec plaisir...
— On vous voit moins ces derniers temps, vous aussi. Pourquoi ?
— Vous devez mal regarder.
— Vous écrivez moins...
— Vous savez, écrire demande parfois beaucoup de patience. Mais je vous promets que d'ici peu, vous pourrez vous régaler.
— Alors, ça y est ? Vous êtes enfin en train de terminer votre Grand Texte que tout le monde attend ?
— Pas « terminer »... mais ça avance pas mal.
— Vous entendez comme votre public vous réclame ?
— Et il me manque... Mais j'ai dû prendre un peu de recul afin de pouvoir écrire enfin comme je le souhaitais. Et puis je veux aussi pouvoir me consacrer à ma famille.
— En parlant de famille, vous êtes venue seule ? Où est Brodsky ?
— Dans le coffre.
— Hein ?
— Mais non, ne vous inquiétez pas... Écoutez... Je crois qu'il arrive.
— Chers téléspectateurs, je crois que nous allons assister à un moment historique... Pas de voiture à l'horizon, mais j'entends un vrombissement dans le ciel de Paris... C'est incroyable : là haut, un hélicoptère s'approche de nous... Il descend... Il n'est plus qu'à quelques mètres du sol... et... Brodsky vient d'apparaître ! Il est attaché à un câble et commence à descendre vers nous... Il est... totalement nu. Enfin, non, pas totalement : il a l'air de porter un string de cuir noir avec un effet « Gros Paquet ». Le voici qui atterrit. Je tente de m'approcher, mais c'est assez difficile avec toute cette foule... Ah, il vient de faire signe à Lilas et il s'approche de nous... Sa progression est assez lente... Monsieur Brodsky ! Pour LCI, s'il vous plaît...
— Bonsoir, Laurence. Vous permettez ? Un instant...
— Oh là là... Regardez comme il embrasse Lilas... Comme c'est beau ! Je dois vous avouer que je suis émue... Pardonnez-moi, ça dure... c'est ce qu'on appelle un long baiser. Monsieur Brodsky ?
— Oui, Laurence, je suis à vous.
— Pouvez-vous nous en dire plus sur cette réunion des Zélus qui va se tenir dans le plus grand secret ?
— Bien sûr : il s'agit en réalité d'une messe noire au cours de laquelle nous allons offrir en sacrifice aux Forces de Mal certains auteurs qui ont eu l'impertinence de ne pas encenser nos écrits. Et ensuite, nous ferons tous l'amour au milieu du carnage. Excitant, n'est-ce pas ?
— Vous êtes sérieux ?
— Bien sûr.
— Mais vous risquez des problèmes sérieux avec la justice...
— Pensez-vous ! Nous sommes protégés par la franc-maçonnerie, les sectes satanistes qui ont infiltré le gouvernement, et même le Pape qui est en réalité un avatar de l'Antéchrist.
— ???
— Ma chère Laurence, je sais bien que vos informateurs vous ont soufflé ce genre de choses, alors pardonnez-moi si j'en rajoute un peu. Comme dit Lilas, je suis toujours dans l'exagération. Mais sérieusement... Si les histoires de complots vous passionnent tant, je vous promets d'écrire un truc là-dessus qui vous fera frémir. Pour le reste, si vous le permettez, je vais rejoindre mes amis... et nous allons faire la fête. Juste la fête, Laurence, rien que la fête. Et tant pis pour les pisse-vinaigre à qui cela déplaît !
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Le vieux qui lisait des livres de cul -

[Lilas]

Parfois j'aimerais bien être la nana que tu décris...

[Jakin]

[Annie-Aime]

Tu n'es pas comme ça, Lilas ? Ah bon, je croyais...
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« Il y a toujours un moment dans leur vie où les gens s'aperçoivent qu'ils m'adorent.» (Salvador Dali)

[Brodsky]

Je me suis trompé sur la marque des chaussures ?
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Le vieux qui lisait des livres de cul -

[Lilas]

[Annie-Aime]

Les yeux de l’amour ? Les meilleures lentilles au monde.
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« Il y a toujours un moment dans leur vie où les gens s'aperçoivent qu'ils m'adorent.» (Salvador Dali)

[Lilas]

[Athanagor]

Oh, les belles zélucubrations !

[MarkTen]